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INTERVIEW / Sam Etiassé, directeur exécutif de la FIF : « La FIFA n’arrive pas à maîtriser certaines fédérations africaines dont la Côte d’Ivoire »

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INTERVIEW / Sam Etiassé, directeur exécutif de la FIF : « La FIFA n’arrive pas à maîtriser certaines fédérations africaines dont la Côte d’Ivoire »
Le directeur exécutif de la Fédération ivoirienne de football (FIF) croit aux chances de l'instance ivoirienne de remporter la bataille au Tribunal arbitral du sport (TAS), face à la FIFA. Dans une interview accordée à NCI, Sam Etiassé s'est longuement expliqué.

Comment le Comité exécutif de la FIF, comment vous, directeur exécutif de la FIF, avez-vous accueilli la décision de la FIFA de mettre en place un Comité de normalisation ?

Nous avons accueilli cette décision avec beaucoup d'amertume. Et nous nous sommes dit qu'une institution aussi importante que la FIFA ne pouvait pas nous servir un tel document ; vu l'argumentaire sur lequel il se base pour mettre la Fédération ivoirienne de football sous normalisation. Donc nous sommes surpris, surpris et nous attendons.



Vous attendiez quoi de la FIFA ?

Nous attendions que la FIFA lève la suspension du processus électoral. Parce que tous les documents que la FIFA a demandés, nous le leur avons donné. Il y a eu une vidéo-conférence qui a été organisée, ils ont entendu tous les acteurs du processus électoral. Ils sont allés même au-delà : le Comité d'urgence, les candidats, tout le monde. Donc, on attendait les résultats. Et, feu le président Sidy Diallo (président de la FIF, Ndlr) a adressé par deux fois un courrier au président de la FIFA, pour lui dire les problèmes que vivaient les acteurs du football, les joueurs. Et demandant qu'il réagisse afin qu'on puisse poursuivre le processus et libérer le football en Côte d'Ivoire. Par deux fois, ça n'a pas été fait. Et nous attendions, depuis quatre mois. Vous savez, nous sommes des gens qui sommes allés à l'école. On sait que le silence de l'administration, au bout d'un certain temps, vaut refus. Nous avons saisi le TAS pour demander la main levée de ce blocage.



Vous pensez pouvoir faire plier la FIFA devant le TAS ?

Nous ne partons pas en victime résignée. Sinon, on ne serait pas partis. Nous sommes convaincus de nos arguments. Et comme le TAS ne suit pas les institutions ou bien les hommes mais les faits, ils vont dire le droit.



La position dans laquelle se trouve aujourd'hui la FIF est une position qu'ont connue certaines nations africaines qui, elles aussi, ont exercé un recours devant le TAS. Mais la plupart d'entre elles ont perdu. Est-ce que finalement, ce n'est pas un combat de David contre Goliath ?

Peut-être que David va gagner, dans le cadre de la Côte d'Ivoire. Pour la simple raison que nous ne sommes pas dans les mêmes scénarii que ce qui s'est passé dans les autres pays. Ailleurs, c'est tout le Comité exécutif qui a démissionné, et la FIFA est intervenue. Soit, ce sont des détournements de fonds. Si vous avez bien lu le document qui dit que la FIFA nous met sous normalisation, il parlait de processus électoral. La FIFA avait deux choix à faire : ou bien lever le blocus et nous demander de poursuivre le processus électoral, ou bien on nous envoie des gens pour voir comment terminer ce processus. Mais on ne peut pas nous mettre sous normalisation pour ça. Et il faut que les Ivoiriens le comprennent. Donc nous sommes sereins, sans bruit et nous allons doucement.



Vous pensez que la FIFA a un problème contre vous ?

Oui, nous en sommes convaincus !



Pourquoi ?

C'est depuis 2017 que la FIFA cherche à nous mettre sous normalisation.



Mais il y a bien une raison ?

Nous avions un monsieur, paix à son âme, Sidy Diallo, il était intraitable. Et regardez bien : Sidy Diallo meurt, et on nous sert une normalisation. La FIFA n'arrive pas à maîtriser certaines Fédérations africaines dont la Côte d'Ivoire. Nous avons des élections en mars, au niveau de la CAF. Je ne sais pas si la FIFA a un candidat. Mais ce qui est certain, la Côte d'Ivoire doit voter. Et si c'est un administrateur provisoire qui doit le faire, est-ce qu'il le fera dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire ? Nous avons Jacques Anouma qui est candidat à la CAF...



Sam Etiassé, on vous reproche de nombreux impairs dans le processus électoral qui ont suscité justement cette réaction de la FIFA. N'est-ce pas cela qui lui donne raison ?

Je veux bien qu'on me parle de ces impairs-là, parce que je ne fais que m'adosser sur les textes de la FIF. Rien que les textes. Vous savez, lorsque vous travaillez en vous appuyant sur les textes, vous êtes sûr de gagner. Dans le processus électoral, on dit que le DEx ( directeur exécutif, Ndlr) doit signer un document que le ministre René Diby aurait signé...



Eclairez-nous justement sur cet épisode ?

Le 6 août 2020, nous avions terminé le processus. Le 6 août 2020, tous les membres de la Commission électorale ont validé deux candidatures et ont rejeté deux autres. On devait se retrouver le 8 parce que, le 7, c'est la fête de l'indépendance. Le 8, on devait se retrouver pour finaliser tous les dossiers. C'est là qu'on vient nous parler de cohésion sociale. "Allons-y à la cohésion sociale à cause des problèmes qu'il y a dans le pays, mettez tout le monde dedans." Mais pour être candidat à la FIF, il y a des conditions d’éligibilité. Moi, je n'ai pas vu à l'article 41 qu'on parle de cohésion sociale. J'ai dit non, tout simplement. Le jour où les clubs, c'est à dire les membres actifs, vont se réunir en Assemblée générale, sortir un texte, une disposition par rapport aux conditions d'éligibilité où ils parleront de cohésion sociale, on appliquera la cohésion sociale. Mais pour l'instant, il n'existe pas dans nos textes, tout simplement.


Au-delà même de la FIFA, de nombreux acteurs du football reprochent une mauvaise gestion à l'actuel Comité exécutif de la FIF. On parle d'un trou de six milliards de FCFA. Qu'en est-il réellement ? Vous n'avez rien à vous reprocher ?

Vous savez, ce disque-là, il est troué. Vous ne pouvez pas être un mauvais gestionnaire, et nulle part dans le document, on parle de mauvaise gestion. Ça, c'est un. Deuxièmement, chaque année, la Fédération ivoirienne de football organise une Assemblée générale. Un quitus a toujours été donné au Comité exécutif par les membres actifs. La dernière Assemblée générale qui a eu lieu le 4 juillet (2020), à Yamoussoukro, nous avons eu le quitus des membres actifs. Et, enfin, après ces rumeurs de détournement de six milliards, nous avons demandé à l'Inspection générale d'état de venir contrôler la Fédération ivoirienne de football. Rien n'a été découvert, propre et clean. Les six milliards dont on parle, c'est de l'argent qui a été viré aux footballeurs, aux hôtels où nos joueurs logeaient. Nulle part, l'Inspection générale n'a trouvé le moindre détournement.



Dans une interview, vous avez semblé laisser entendre que l'une des raisons de cette crise, c'est le cas Didier Drogba.

Je ne veux pas citer de nom, parce que tout simplement, lorsqu'on parle sans réserve, ce sont tous les réseaux sociaux qui s'embrasent.

Il y avait quatre candidats. La Commission en a retenu deux : M. Sory Diabaté et M. Idriss Diabaté. Elle a rejeté deux candidatures : celles de M. Drogba et celle de M. Kouadio. M. Drogba a fait appel de la décision. Ce qui est normal. Ce que nous reprochons. Ce que nous demandons à la FIFA, c'est de laisser la Commission de recours regarder ce dossier et infirmer ou confirmer la décision de la Commission électorale. S’ils bloquent, c'est qu'il y a quelque chose derrière leur tête. Pourquoi ils bloquent le processus ? Le 20 août 2020, la FIFA nous écrit pour nous dire : "N'arrêtez pas le processus, remettez la Commission en place, ils n'ont qu'à aller au vote et chaque membre de la Commission n'a qu'à signer les documents". On a fini, on leur a apporté le papier le 26. On leur a tout donné. Malgré ça, ils disent que nos textes ne sont pas bons. Ces textes-là ont été adoptés en 2011. Ces textes ont été rédigés avec l'appui de deux membres de la FIFA. Ces textes ont servi à élire Sidy Diallo en 2011. Ces mêmes textes ont servi à élire Sidy en 2016. (...)



Quelles sont les implications de ce Comité de normalisation ?

Certains Ivoiriens applaudissent le fait qu'on ait mis la FIF sous normalisation. Mais c'est dangereux ! C'est dangereux pour le football ivoirien, c'est dangereux pour la Côte d'Ivoire.



Expliquez-nous justement les dangers.

La Côte d'Ivoire vient de dépenser des milliards pour doter le football, le sport en général, d'infrastructures de haut niveau. Nous allons abriter bientôt, en 2023, la Coupe d'Afrique.



Donc le Comité de normalisation va mettre en pause tous les travaux ?

Je ne sais pas, mais ce n'est pas l'argent du Comité de normalisation. Deuxièmement, il n'y a plus de championnat, il n'y a plus de subventions pour les clubs. Quatrièmement, les acteurs, ils ne seront plus en jambes, c'est fini ! Cinquièmement, ceux qui arrivent, ils vont aller se prendre un bureau, ils vont se faire payer cher. Le président va se faire payer, le vice-présent va se faire payer. Mais les membres du Comité exécutif, les dix-huit, ils n'ont pas de salaire. Avec ce qu'ils appellent les coûts opérationnels, pour faire fonctionner le Comité de normalisation, vous pensez que ces gens-là sont prêts à lâcher cette manne-là en décembre 2021 ? Vous allez voir, en décembre 2021, ils vont proroger la normalisation, comme ils l'ont fait au Cameroun pendant sept ans, comme ils l'ont fait au Mali pendant trois ans. Il ne faut pas souhaiter cela à ton pire ennemi.

Interview réalisée par EUSTACHE GNABA

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