La notion de "droit à l'image" revient inlassablement ces dernières semaines, notamment avec le feuilleton Kylian Mbappé. Que représente concrètement cet aspect ?
Le droit à l'image est le reflet de l'évolution de l'économie du sport. À la base, les joueurs n'étaient que des salariés, payés pour s'entraîner et jouer.
Les revenus des clubs étaient alors principalement liés à la billetterie. Mais avec la globalisation du football, les droits TV ont commencé à prendre une place essentielle, et avec eux, ces fameux droits à l'image.
Les droits TV sont en général négociés par les ligues ou les fédérations, qui distribuent ensuite l'argent aux clubs pour les premières et aux joueurs pour les secondes.
On parle alors d'"image collective", et c'est ce qui représente, aujourd'hui, une part importante des salaires des joueurs.
Plus les droits TV d’un club sont importants, plus les droits à l’image des joueurs, pour des sponsors ou des publicités, vont augmenter.
Cette «?image collective?» n’est donc pas liée aux publicités ou autres apparitions visuelles que pourrait faire un joueur, individuellement.
Les droits à l’image individuels permettent aux joueurs de choisir tel ou tel sponsor, et d’en être l’égérie. Là-dessus, il n’y a pas de problème d’éthique, puisque c’est le joueur et son entourage qui signent un contrat. Le seul problème à gérer dans ce cas-là, c’est le potentiel conflit d’intérêt entre le sponsor du joueur et le sponsor du club ou de l’équipe nationale, en cas de concurrence entre les deux.
Que dit la réglementation française concernant l’image du joueur ? Entre ce qu’il peut faire, seul, de son côté, et ses apparitions pour le compte de son club ou de sa sélection.
En France, la règlementation a changé durant la Coupe du monde 1978. À ce moment-là, la fédération fournissait le maillot, le short, les chaussettes et les chaussures.
Mais Michel Platini a souhaité avoir ses propres crampons, pour des raisons commerciales ou de confort.
On a alors trouvé un compromis, lui permettant de jouer avec les chaussures de son choix, maquillées en noir, afin de ne pas entrer en conflit avec l’équipementier de l’équipe de France (Adidas).
Ensuite, ça a évolué, et on a décidé que les crampons n’étaient plus dépendants de l’équipement, mais constituaient une continuité du corps du joueur.
Cela a permis aux clubs de signer un contrat avec un équipementier pour le maillot, les shorts et les chaussettes et de laisser le champ libre au joueur pour le reste.
En dehors des équipementiers et comme vous le résumez, les joueurs sont donc libres de s’engager avec n’importe quel sponsor.
Les joueurs font ce qu’ils veulent, dans le cadre des contraintes légales. Par exemple, lorsque les paris sportifs étaient interdits en France, les joueurs français avaient interdiction de poser pour des sites de jeux, car cela n’entrait pas dans le cadre de la loi.
Dans les négociations entre l’entourage de Kylian Mbappé et le Real Madrid, le nœud des négociations concernerait ainsi la volonté du joueur de maîtriser une large partie de ses droits à l’image. Chose que Florentino Pérez ne serait pas vraiment prêt à autoriser. Qu’en est-il, d’abord, du fonctionnement au PSG ?
Le PSG, en tant qu’employeur, a le droit de solliciter n’importe quel joueur, car il dispose d’un lien de subordination avec ses employés. Le minimum prévu pour un sponsor au sein d’un club, c’est la présence de cinq joueurs.
À partir de cinq, ils sont «?obligés?» d’apparaître dans les publicités prévues. Au moment de signer un contrat, chaque joueur a ainsi une clause dans laquelle il est inscrit : «?Le club Z sollicite joueur Y pour une apparition publicitaire X fois dans l’année.?» La seule chose qu’ils peuvent négocier, c’est l’exploitation de leur image, seul.
Par exemple, si UNIBET veut exploiter uniquement l’image de Mbappé, il aurait fallu négocier avec le joueur lui-même, qui aurait alors eu un droit de refus.
La seule exception, pour qu’un club fasse de la publicité avec un seul joueur, c’est qu’il y ait une clause qui précise cela dans un contrat préalable.
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