Personne n’imaginait un tel parcours de la championne ivoirienne aux Jeux olympiques 2016. Sur le tartan du stade olympique de Rio de Janeiro, Ta Lou Gonezié Marie-Josée a su rythmer ses foulées jusqu’à s’imposer comme l’une des femmes les plus rapides du monde.
Quatrième lors de la finale du 100 m, la reine d’Afrique a pu se rattraper sur le 200 m. Une finale du 100 m qui aura défrayé la chronique, tellement l’athlète ivoirienne a fait douter sa concurrente directe. Ta Lou échoue au pied du podium pour un millième, juste derrière la double tenante du titre, la Jamaïcaine Shelly Ann Fraser-Pryce. C’est la photo finish qui a finalement départagé les deux athlètes pour le bronze. Une histoire qui n’a pourtant pas entamé le moral de la championne ivoirienne. « Sur le coup, j’ai eu un grand choc. J’ai eu du mal à accepter ce sort. Cela s’est joué sur quelques centièmes. Nous avions le même temps. Et ensuite, mon coach m’a rassurée que la photo-finish était claire et précise. Je me suis remise à préparer l’épreuve suivante », a-t-elle confié avec un état d’esprit digne des plus grands champions de l’olympisme.
« Je n’avais pas de raison de rester à pleurnicher sur ce résultat. C’était fini pour le 100m. Il me fallait me réarmer pour le 200 m », insinue-t-elle. Un parcours symbolique et honorable Après le 100 m, Ta Lou s’engage sur sa course de prédilection. Le 200 m qu’elle a ravalé à partir de mardi dernier. Lors des qualifications, elle a réalisé le meilleur chrono en 22’’31, signant ainsi le meilleur temps de la saison et décrochant facilement sa place pour les demi-finales qui se sont déroulées dans la nuit de mardi à mercredi. Où Ta Lou obtient, avec panache, la qualification pour la finale. Elle est première de sa série avec un chrono de 22’’28. Puis, participe dans la nuit de mercredi à jeudi, avec tous les honneurs, à la finale de l’épreuve du 200 m.
C’est une grande victoire pour une athlète qui n’était pas attendu à ce niveau de la compétition. Un parcours d’autant plus symbolique que Ta Lou Gonezié Marie-Josée entre dans l’histoire du sport ivoirien. C’est la première sprinteuse ivoirienne qui réussit à atteindre les finales du 200 et 100 m. Une fierté qui dépasse même les frontières de la Côte d’Ivoire. Puisqu’elle était également la seule athlète du continent africain à se qualifier pour les finales de ces deux épreuves. « On me l’a signifié. Mais, je ne me suis pas mise la pression. Il fallait juste que je réussisse mes courses de sorte à faire honneur à mon pays et toute ma famille ». Une profession de foi pour cette athlète de 27 ans (née le 18 novembre 1988). Qui participe pour la première fois aux Jeux olympiques.
Ta Lou comme un homme Originaire de la ville de Zanzra dans le département de Zuénoula (ville du centre-ouest de la Côte d’Ivoire, située dans la région de la Marahoué), la ‘’petite Gouro’’ porte un prénom évocateur : Gonezié qui signifie en langue ‘’Comme un homme’’. « C’est mon nom fétiche! », dit-elle souriante. Et pourtant, son parcours n’a pas toujours été un bonheur. Gonezié a dû batailler pour réussir sa vie d’athlète professionnelle.
Au précédant JO, en 2012 à Londres, Ta Lou n’avait même pas pu se qualifier. Puisqu’elle n’avait pas réussi le minima A. Seule sa compatriote Murielle Ahouré avait atteint le minima. Une grosse désillusion pour la sprinteuse. «Il fallait qu’elle fasse un choix. Elle a estimé que Dakar était mieux. Je lui ai donc dit de rester et qu’elle y devait mieux travailler», se rappelle Anthony Koffi, l’entraîneur de Ta Lou. Un coach disponible et professionnel Un coach qui a toujours été aux côtés de son poulain. Puisqu’après le départ de Ta Lou en Chine en 2010 (où elle avait bénéficié d’une bourse de formation) elle décide, deux ans plus tard, de ne pas y rester.
La sprinteuse revient en Afrique, au centre international d’athlétisme de Dakar (Sénégal). Où son coach lui consacre tout son temps. Un choix qui s’est révélé payant. « En Chine, j’étais très éloignée. Mon retour à Dakar, m’a beaucoup aidée. Coach Anthony s’est totalement engagé dans ma formation. Il m’a donné beaucoup de notions du sprint. C’est un ivoirien qui est aussi un expert à l’Iaaf. Il est également le coach de la grande championne d’Afrique, la botswanaise Amantle Monthso. Il a su jauger mes efforts pour être à ce niveau aujourd’hui (…) C’était une période délicate. Mais, il a fallu beaucoup de prières », reconnaît-elle. Des moments difficiles pour la jeune athlète (qui s’essayait également au football pendant l’adolescence) que les dieux de l’Olympe ont certainement aidé à exhausser les prières pour être aujourd’hui une grande sprinteuse mondiale.
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