Face à l'urgence climatique et à la destruction massive causée par les feux de brousse, la Côte d'Ivoire passe à la vitesse supérieure. Le ministère des Eaux et Forêts a officiellement lancé, ce mardi 2 décembre 2025, une vaste opération de patrouilles de veille et de dissuasion, marquant le début d'une campagne musclée pour la saison sèche.

Une stratégie basée sur l'action et la prévention

Chaque année, des milliers d'hectares de forêts et de plantations sont réduits en cendres, entraînant des pertes matérielles considérables et, tragiquement, des pertes en vies humaines. C'est pour mettre fin à ce cycle de destruction que le gouvernement ivoirien a initié ce déploiement.

La cérémonie de lancement s'est tenue à Kahankro, sur la base opérationnelle inaugurée en avril 2025. Cette infrastructure est la première du genre, conçue spécifiquement pour la lutte contre les incendies dans les zones à haut risque. Elle servira de point névralgique pour la prévention et l'intervention rapide. Le ministère prévoit d'ailleurs d'étendre ce maillage stratégique en installant d'autres bases similaires sur l'ensemble du territoire.

2030 en ligne de mire

Représentant le ministre Laurent Tchagba, le Conservateur général Lucien Kouassi, Directeur général des Forêts et de la Faune (DGFF), a rappelé l'enjeu capital de cette offensive. Il a souligné que cette campagne est un pilier de la stratégie nationale visant à atteindre un taux de couverture forestière de 20 % à l'horizon 2030.

« Chaque année, des feux détruisent la forêt, les plantations, des habitations et malheureusement entraînent des pertes en vies humaines. Face à ce triste constat, le ministre a décidé de mettre en place un dispositif robuste pour contrer le phénomène », a-t-il affirmé, pointant la zone de Kahankro comme l'une des plus vulnérables.

Trois zones critiques, 60 agents mobilisés

La campagne 2025, qui s'étendra sur les mois les plus secs (décembre à mars), se concentrera sur trois corridors majeurs :

Zone	Itinéraire Couvert
Zone A	Du poste de péage de Singrobo à l’échangeur de Taabo.
Zone B	De l’échangeur de Taabo à celui de Toumodi.
Zone C	L’axe Djékanou–Dimbokro.

Soixante agents des Eaux et Forêts et de l'Office national de la protection civile (ONPC) ont été spécialement formés pour cette mission. Leur rôle est double : effectuer des patrouilles quotidiennes pour une détection précoce, et surtout, intensifier la sensibilisation auprès des communautés villageoises. L'objectif est de changer les comportements et de signaler tout début d'incendie avant qu'il ne dégénère.

Tolérance zéro pour les feux de chasse

M. Kouassi a mis l'accent sur la nécessité d'une collaboration citoyenne et du comportement exemplaire des équipes. Il a notamment mis en garde contre les départs de feux liés à la chasse à la viande de brousse, une pratique encore trop répandue, notamment autour de Toumodi.

« Entre capturer de la viande de brousse et perdre des vies humaines, le choix ne doit souffrir d’aucune hésitation », a martelé le DGFF, rappelant que de nombreux chasseurs sont eux-mêmes victimes des feux qu'ils allument.

En conclusion, Lucien Kouassi a lié la réussite de la lutte anti-feu à celle des grands chantiers de reboisement : « Si ce qui est reboisé part en fumée, c’est comme le serpent qui se mord la queue. Nous n’avançons pas. 2030 n’est pas loin. » L'État lance ainsi un appel solennel à la mobilisation citoyenne pour garantir la survie du patrimoine forestier ivoirien.