Abidjan a accueilli,
ce jeudi 28 novembre 2024, une édition du Humanitarium itinérant, une
initiative de la délégation régionale du Comité International de la Croix-Rouge
(CICR). Depuis 2017, cet espace d’échanges s’est imposé comme une plateforme
majeure pour la réflexion sur les enjeux humanitaires en Afrique de l’Ouest.
Placée sous le thème central « 75 ans des Conventions de Genève : Préserver
l’humanité dans un monde polarisé », cette rencontre a rassemblé experts et
décideurs à l’hôtel Pullman pour débattre des défis actuels du Droit
international humanitaire (DIH).
Des
conflits aux visages changeants
Le premier panel,
intitulé « Respect du Droit et protection des victimes dans les conflits armés
contemporains », a permis aux intervenants d’échanger sur les mutations des
conflits armés et leurs implications pour le DIH. Seminnou Roméo Romain
Hounpkonou, Directeur des Affaires juridiques au Ministère des Affaires
étrangères du Bénin, a mis en lumière la complexité croissante des guerres
modernes, marquées par l’émergence de groupes armés asymétriques. « La guerre a changé de nature. Nous faisons
face à des bandes armées difficilement identifiables. Il est impératif de
revisiter le DIH pour l’adapter à ces nouvelles réalités », a-t-il déclaré.
Pour lutter contre la
prolifération de ces groupes, M. Hounpkonou a appelé à une coopération renforcée
entre États frontaliers et à des investissements massifs dans des secteurs clés
comme la santé, l’éducation et la sensibilisation des populations.
Rokya Diakité,
Administratrice principale chargée de protection au HCR, a souligné que les
communautés bien intégrées et soutenues résistent mieux au recrutement par des
mouvements armés. Elle a plaidé pour l’ouverture des frontières aux réfugiés et
aux demandeurs d’asile, un geste humanitaire essentiel pour prévenir les drames
humains et renforcer la résilience communautaire.
Les
racines des tensions et les réponses à apporter
Le second panel,
portant sur le thème central de la conférence, a mis en exergue les dynamiques
socio-économiques qui alimentent les conflits armés. Pacôme Yawovi Adjourouvi,
ministre togolais des Droits de l’homme, a insisté sur la nécessité de soutenir
les régions défavorisées, souvent utilisées comme terreau de recrutement pour
les groupes terroristes. « Sensibiliser
les jeunes sur l’importance de la paix est essentiel pour bâtir une société
tolérante et résiliente », a-t-il affirmé.
De son côté, Moussa
Tchangari, militant nigérien et défenseur des droits de l’homme, a critiqué les
stratégies répressives qui, selon lui, exacerbent les violences. « Plus les répressions militaires augmentent,
plus les conflits prennent de l’ampleur. En niant leur humanité et leurs
revendications, nous contribuons à leur radicalisation », a-t-il regretté.
Le
DIH, une lueur d’espoir dans un monde divisé
Pour SEM Dominique
Favre, ambassadeur de Suisse en Côte d’Ivoire, les Conventions de Genève
restent un cadre indispensable pour atténuer les souffrances dans les zones de
conflit. Loukas Petridis, Chef de délégation régionale du CICR à Abidjan, a
salué les échanges enrichissants de la conférence tout en réitérant
l’importance de promouvoir le DIH. «
L’application du DIH est plus aisée quand il y a une réelle volonté politique »,
a-t-il souligné, tout en appelant à sensibiliser les groupes armés, notamment à
travers des approches adaptées comme la religion.
Cette édition 2024 du
Humanitarium itinérant a rappelé avec force que, dans un contexte international
de plus en plus polarisé, préserver l’humanité dans les conflits armés reste un
défi collectif nécessitant dialogue, coopération et engagement.
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