Le Nigérian Ademilola Odujinrin, dit « Lola », 38 ans, a atterri mercredi 29 mars à l’aéroport international de Washington. Jusque là, rien de spécial, si ce n’est qu’il s’agissait de la dernière étape de son tour du monde en avion et en solitaire, débuté en septembre 2016. Une première : avant lui, aucun Africain n’avait réussi cet exploit.
Nigérian d’origine – ses deux parents viennent de l’État d’Ogun (sud-ouest) – Lola est a passé la majeure partie de sa vie à Londres où il est né, a étudié, et où habite encore sa famille, sa femme et ses deux enfants, âgés de 9 et 6 ans. Pilote professionnel depuis 2010, il travaille pour la compagnie Air Djibouti, qui a financé une partie de son projet.
En l’espace de neuf mois – il a dû s’interrompre deux mois en janvier à cause du mauvais temps – le pilote a parcouru 24 pays sur cinq continents à bord d’un Cirrus SR22, un avion léger quatre places et un seul moteur. Ce tour du monde, Lola, avec le soutien indéfectible de sa femme, en rêvait depuis qu’il avait l’âge 10 ans. « J’ai encore du mal à réaliser ce que j’ai fait », confie le pilote, joint par Jeune Afrique jeudi 30 mars. Interview.
Jeune Afrique : Quelle a été votre première pensée à l’atterrissage ?
Ademilola Odujinrin : Pour être honnête j’étais très nerveux, je voulais qu’il n’arrive rien jusqu’au point d’arrivée. J’ai été très très prudent ! Là, je me sens soulagé. Je vais pouvoir m’endormir ce soir sans penser à l’avion ! C’est un rêve d’enfance qui parfois s’est transformé en cauchemar, c’était devenu obsessionnel.
À travers cet exploit, quel message vous vouliez porter ?
Je suis le premier pilote d’avion africain à avoir réalisé le tour du monde en solo ! L’Afrique a besoin de modèles. Je croise des enfants qui pensent qu’il faut être blanc pour devenir pilote. J’incarne la preuve que non !
Mais combien d’Africain peuvent voler à travers le monde ? En comparaison avec d’autres continents nous avons peu de pilotes. Nous avons accompli cet exploit avec très peu d’argent et nous n’étions que quatre dans l’équipe avec le directeur de projet, ma femme et un de mes bons amis. Mais, parce que nous étions déterminés, nous avons réussi à mener ce projet jusqu’au bout.
C’est pour cette raison que vous avez appeler ce projet « Transcend » (« transcender ») ?
Oui. Toute ma vie j’ai dû surmonter des difficultés. Contrairement à d’autres, mes parents n’avaient pas les moyens de me payer des études. À l’université, j’avais 2 ou 3 boulots pour me permettre de joindre les deux bouts, je travaillais la journée et j’étudiais la nuit.
J’ai commencé à chercher des sponsors en 2006. J’ai écrit de nombreuses lettres et chaque fois la réponse était non ! Jusqu’à ce que Air Djibouti accepte d’y participer. Sans leur soutien, et celui de Tolaram Group et de Translynx Group, je n’y serais jamais parvenu.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de votre périple ?
La facilité avec laquelle je pouvais communiquer avec ceux qui étaient au sol. La technologie aide beaucoup : j’étais constamment en communication… la plupart du temps avec ma femme ! Elle était mon principal soutien opérationnel. Souvent, je ne pouvais pas joindre la tour de contrôle – la radio ne capte qu’à 200 miles (320 km). J’appelais ma femme qui dès lors contactait l’aéroport pour les avertir de mon arrivée !
Interview réalisée par Jeune Afrique
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