C'est une première depuis l'arrivée de l'ANC au pouvoir en Afrique du Sud, en 1994. La capitale du pays est dirigée, depuis ce vendredi 19 août, par l'opposition. C'est Solly Msimanga, de l'Alliance démocratique, qui a été élu à la tête de Pretoria. L'ANC a subi un sérieux revers aux élections municipales de début août. Il a enregistré son score le plus bas de son histoire au niveau national avec moins de 54% des voix. C’est un premier conseil municipal houleux : le maire entrant, Solly Msimanga, a été élu sous les acclamations de toutes les formations politiques qui se sont ralliées derrière lui. Au total, six partis d'oppositions qui se sont regroupés pour faire tomber l'ANC, le parti du président Jacob Zuma.
Et notamment le parti populiste de Julius Malema à l'opposé sur l'échiquier politique. Des alliances qui risquent de créer beaucoup d'instabilité dans le gouvernement local, notamment quand il s'agira de voter le budget. Pour le maire élu Solly Msimanga, après vingt ans de domination de l'ANC, l'heure est au changement : « Les habitants de Pretoria nous ont dit qu'ils en ont assez de la corruption, du népotisme, qu'ils sont fatigués de toujours voir de l'aide réservée à certains parents ou à certains amis. Ils disent qu'ils sont fatigués des millions qui disparaissent. Ils veulent de meilleurs services publics. Et nous nous leur disons ‘nous allons vous aider’.» Dans la salle, les conseillers municipaux de l'ANC en colère accusent Msimanga de ne pas avoir réellement gagné et lui promettent, maintenant qu'ils sont sur les bancs de l'opposition, de lui rendre la tâche difficile.
L'ANC perd des villes-clés
Jeudi, on a vu l’arrivée à Port Elizabeth d’un maire issu également d’une coalition d’opposition. A Johannesburg, l'ANC pourrait également perdre sa suprématie, mais la situation est différente qu'à Pretoria parce que l’ANC y est en tête, mais sans majorité absolue. Elle n’a pas réussi à former de coalition qui lui permettrait d’atteindre les 50% et donc il y a un parti-clé, à Johannesburg, un parti de gauche radicale, les Combattants pour la liberté économique (EFF) de Julius Malema, arrivé troisième au niveau national et qui est faiseur de roi. Idéologiquement, le parti les Combattants pour la liberté économique est proche de l’ANC, mais il a refusé de lui apporter son soutien et à la place il s’est rangé du côté de l’opposition de l’Alliance démocratique. Théoriquement, lundi, lors du conseil municipal, la majorité devrait changer de camp et on devrait également voir un maire issu de l’Alliance démocratique. L’opposition au niveau national va désormais contrôler quatre des plus grosses villes du pays et c’est un changement radical du paysage politique sud-africain.
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