AFRIQUE ÉCONOMIE / La Sierra Leone veut redevenir une destination touristique

Le salon international des professionnels du tourisme, IFTM Top résa, a ouvert ses portes hier à Paris. Pour la première année, la Sierra Leone s'est offert un stand à ce grand rendez-vous de l'industrie touristique. Après plus de dix années de guerre civile, entre 1991 et 2002, et l'épidémie d'Ebola, le tourisme en Sierra Leone est au point mort. Le gouvernement s'est donc mobilisé pour relancer ce secteur.

Dans les années 1980, bien avant la guerre civile, les Français étaient le premier contingent de visiteurs de la Sierra Leone, avec 100 000 touristes en moyenne chaque année.

Aujourd'hui, on en est loin, déplore Alieya Kargbo, tour opérateur : « Pour le moment, nous n'avons pas beaucoup de clients, car toutes les ambassades continuent de mettre la Sierra Leone en zone rouge, à cause d'Ebola. Nous sommes donc ici pour convaincre les gens que l'épidémie est terminée. Ils peuvent venir avec leur famille. Et en plus, ce n'est pas cher ! 2 500 dollars pour une famille, pour une semaine, avec les transports, les visites, l'hôtel, la nourriture... pour une famille c'est bien. »
 
Faire peau neuve
 
Pour se débarrasser de cette image négative, la Sierra Leone a donc décidé de faire peau neuve, en offrant notamment un véritable lifting à ses monuments historiques.

« Nous avons restauré l'île de Bounce où se trouve un fort, ancien lieu de traite des esclaves, ainsi que toutes nos vieilles églises ou encore la porte de King's Yard, où les esclaves libérés transitaient », explique Isatu Smith, présidente de la Commission des monuments et des reliques. « On parle de milliards de leones investis, soit plusieurs centaines de milliers de dollars. Ça montre comme l'État prend le tourisme au sérieux. »
 
Faire du pied aux investisseurs
 
Autre effort fourni par la Sierra Leone, des incitations fiscales afin de séduire les investisseurs étrangers. « Le gouvernement a mis en place des mesures comme des exonérations fiscales, exemptions de taxe à l'importation de certains produits », poursuit Isatu Smith. « Ils ont aussi accès au foncier de l'État. Donc le gouvernement ne plaisante pas avec les investissements, conclut-elle en souriant. »
 
La Sierra Leone commence à voir les premiers fruits de sa politique. Des grandes chaînes internationales comme le Radisson Blu et le Golden Tulip ont ouvert des hôtels à Freetow, la capitale. « Grâce à toutes ces incitations, la Sierra Leone est devenue la cible principale dans la région », s’enthousiasme David Church, gérant du Golden Tulip. « Le marché se développe, aussi bien pour le tourisme d’affaires que pour les vacances. Nous ne sommes ouverts que depuis avril, mais nous tournons déjà avec un taux d'occupation de 40 à 50 %, ce qui est plutôt bien pour un nouvel hôtel. Pour le moment nous avons accueilli 19 nationalités différentes : des Européens de Grande-Bretagne, de France, d'Espagne, d'Allemagne... beaucoup de touristes africains aussi, d'Afrique du Sud ou encore du Nigeria. »
 
Le Hilton devrait aussi ouvrir ses portes d'ici la fin de l'année prochaine. Le marché sierra-léonais se développe donc, mais il n'est pas encore à la portée de toutes les bourses.

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