En Algérie, la colère des médecins spécialistes monte. Début août, dans la région de Djelfa, à 300 kilomètres de la capitale, une femme meurt alors qu’elle vient accoucher. Révélée par la presse, qui affirme que trois hôpitaux ont refusé de prendre en charge la jeune femme, l’affaire fait beaucoup de bruit, et l’opinion publique dénonce l’irresponsabilité des médecins. Une gynécologue et trois sages-femmes sont été placées en détention provisoire. Mais cette décision ne passe pas auprès des médecins spécialistes du pays, qui ont organisé des sit-in de protestation.
Les médecins ont demandé à être reçu par le ministère de la Santé, car ils estiment que cette affaire montre que les défaillances du système de santé sont trop graves. Mais leur demande est restée sans réponse.
« On fait face à un mur. Le mur c’est notre tutelle, explique Wassil Soual, ophtalmologue à Tamanrasset. C’est elle qui est censée nous protéger, nous orienter. Quand on fait une faute, on l'assume, mais par contre quand quelqu’un n’a pas fait de faute, pourquoi devrait-il payer sous prétexte que l’opinion publique veut un bouc-émissaire ? Et pour nous, la gynécologue qui est emprisonnée, c’est un bouc-émissaire pour calmer la population ».
C’est la détention provisoire de leur consœur qui a fait l’effet d’un électrochoc. Amine Mazit, radiologue à Djanet, comprend la colère des patients mais il estime qu’ils se trompent de responsable. « Ils se plaignent de quoi ? Ils se plaignent des mauvaises conditions de réception, mais nous ne sommes pas réceptionnistes. Si vous ne trouvez pas de brancard pour porter le malade, ce n’est pas le médecin qui va aller le chercher. Pourquoi les administrations centrales ne sont-elles donc jamais inquiétées ?, questionne le praticien. Pourquoi les gens ne partent-ils pas à la direction de la santé se plaindre des conditions ? »
Le ministre de la Santé s’est porté partie civile contre la gynécologue de Djelfa et a annoncé la mise en place de système de garde, dans les cabinets privés.
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