Le président algérien a pris cette décision dans une volonté d'apaisement après que le journal français lui a présenté ses excuses. L'affaire est désormais close.
La présidente de la 17ème Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris a évoqué une « surprise » en ouvrant, ce mardi 20 juin, le procès en diffamation intenté par le président algérien, Abdelaziz Bourteflika, contre le quotidien français Le Monde. Surprise en effet lorsque l’avocat de Bouteflika a annoncé à la barre que ce dernier « a décidé de retirer sa plainte » sa plainte pour diffamation contre le journal français Le Monde suite à l’affaire des Panama Papers.
« M. Bouteflika a pris cette décision dans un geste magnanime et dans une volonté d’apaisement. Il estime que le journal français a présenté ses regrets dans ses colonnes et lui a adressé une lettre d’excuses », a indiqué la défense du président algérien, Maître Chems-eddine Hafiz.
En vertu de cette décision, il n’y a plus d’action judiciaire contre le journal français. « Ce comportement honore le président algérien », a estimé pour sa part Christophe Bigout, avocat du journal français, qui a ajouté : « Par souci d’exactitude, la direction du Monde avait exprimé ses regrets ».
Le 4 avril 2016, le Monde avait publié une enquête intitulée « Panama Papers, l’argent caché des chefs d’État ». Évoquant l’implication présumée de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Énergie entre 1999 et 2010 et ami personnel du chef de l’État algérien, dans des affaires de corruption liées au groupe pétrolier Sonatrach en Algérie et en Italie, l’article avait été illustré en première page par la photo de Bouteflika aux côtés de quatre autres dirigeants internationaux.
Poursuites judiciaires
Estimant son honneur bafoué, le président algérien avait déposé une plainte en justice pour diffamation quelques heures à peine après la publication de l’article. Ses avocats avaient réclamé, au titre de l’action publique, une condamnation du directeur du Monde à un euro symbolique ainsi qu’une publication judiciaire en première page du journal. Ils ont demandé également au tribunal de condamner le prévenu et la société éditrice à verser 10 000 euros au président Bouteflika au titre de l’action civile.
Dans la foulée, le quotidien Le Monde avait publié des précisions mais celles-ci n’avaient pas réussi à apaiser la colère des autorités algériennes. Le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, avait également tenté de calmer le jeu en adressant une lettre, en date du jeudi 7 avril 2016, à l’ex- ambassadeur d’Algérie en France, Amar Bendjama, dans laquelle il lui exprimait « à nouveau » ses « regrets » pour le « rapprochement malencontreux » avec Abdelaziz Bouteflika, dont le nom « n’est pas mentionné » dans les fichiers des Panama Papers.
Dans cette missive envoyée le lendemain de la convocation au ministère des Affaires étrangères de l’ambassadeur de France à Alger, le patron du Monde faisait aussi part de sa disponibilité pour rencontrer Amar Bendjama afin de « revenir » sur cette affaire, qui a provoqué une vive tension entre les deux capitales. Pour preuve, Alger a refusé d’octroyer un visa d’entrée au journaliste du Monde qui devait couvrir la visite de l’ancien Premier ministre français, Manuel Valls en Algérie, les 9 et 10 avril.
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