Le hashtag #JusticepourMerveille a envahi les réseaux sociaux au Congo.
Il a été liké ou retweeté plus de 6,500 fois à ce jour. Un chiffre important pour un pays qui compte à peine 732,800 utilisateurs d'Internet (déc. 2019 - internetworldstats).
Merveille Bazonzila serait décédée après avoir été arrêtée puis battue par des gendarmes parce qu'elle ne portait pas de masque, d'après sa famille.
Une information que n'a pas démenti le ministre de la défense Charles Richard Mondjo qui a été auditionné ce mercredi par la Commission défense et sécurité de l'Assemblée nationale.
"A 17h30, son frère est venu à bord d'un taxi la prendre et la ramener à la maison sur ses jambes. Le lendemain matin, une foule compacte se dirige vers la gendarmerie avec le corps de cette jeune dame sans vie", a-t-il dit à la télévision nationale, suite à son audition.
Joint par la BBC, un attaché à la communication de la gendarmerie nationale affirme qu'une enquête est en cours mais a refusé de commenter cette affaire. Toujours selon lui, le chef de la gendarmerie se déplacera à Nkayi dans quelques jours. Le Procureur s'est également saisi du dossier.
Selon le rapport d'expertise médicale ordonné par la police judiciaire de la Bouenza qui a fuité sur Twitter, mais que la BBC n'a pas été en mesure d'identifier de manière indépendante, l'examen clinique révèlerait que la jeune femme serait morte d'une asphyxie due à un état convulsif. Les autorités n'ont fait aucun commentaire quant à la cause du décès.
La jeune femme âgée de 27 ans souffrait d'épilepsie, selon sa famille.
Les faits se sont déroulés le 29 septembre dans la ville de Nkayi, la capitale sucrière, située à environ 250 kilomètres de Brazzaville, la capitale du Congo.
Merveille Bazonzila a été inhumée mardi.
Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre à l'annonce de la mort de la jeune femme mardi dernier, selon le Ministre de la défense.
Ce dernier a parlé de "mouvement de foule, destruction du matériel de la gendarmerie, actes de pillages au niveau du marché".
En signe de protestation les populations de la ville de Nkayi ont depuis décidé de cesser de porter leurs masques appelés localement "bavettes".
"Je relève que tous ceux qui profitent de la mort d'autres citoyens pour politiser ces manifestations sur la voie publique doivent faire extrêmement attention parce que la paix est difficile à bâtir et il nous faut la préserver", a déclaré le ministre de la Défense à la télévision nationale.
Sur les réseaux sociaux, le décès de la jeune femme a provoqué l'indignation et lancé un débat sur les violences policières. Une pétition demandant que justice soit faite, circule également.Pour Trésor Nzila, président de l'Office Congolais des droits de l'homme, il s'agit d'une "pratique courante au sein de la force publique congolaise".
"La culture de la violence ne concerne pas uniquement les femmes. Les forces de l'ordre ne sont pas professionnelles et n'hésitent pas à arrêter arbitrairement, torturer et parfois à donner la mort à des citoyens. Merveille n'est pas la première victime de la force publique. Il y a eu plusieurs victimes dans le passé et Merveille n'est qu'un cas parmi tant d'autres", déclare-t-il.
L'OCDH accompagne la famille de Merveille Bazonzila afin de déposer le plus rapidement possible une plainte contre les autorités. Contrairement à certaines informations circulant sur les réseaux sociaux, il affirme que la jeune femme n'était pas enceinte, ni sourde et muette.
L'organisation aurait identifié d'autres cas de bavures et d'exactions mortelles pour non-port du masque ou inobservation du couvre-feu, rapportées dans différentes villes telles que Brazzaville, Djambala, Dolisie."Plus on crie contre les antivaleurs, plus cela redouble, il y a un non-respect des droits de l'homme, pas de respect de l'être humain surtout les femmes. La femme est une personne ! C'est la femme qui met au monde", déclare Micheline Ngoulou, présidente de l'association Congolaise de Lutte contre les Violences à l'égard des Femmes et Filles.
La défenseuse des droits des femmes précise cependant que les violences contre les femmes ne sont pas une généralité au sein des forces de l'ordre.
"Ce ne sont pas tous les hommes en armes qui sont violents, c'est le fait d'un individu. Certains agents des forces de l'ordre sont avec nous mais certains n'ont pas de tête et d'éducation", ajoute-t-elle.
Elle déplore cependant la culture de l'impunité au sein des forces de l'ordre.
"Le suspect se pavane, il n'a peur de rien, il y a trop d'impunité !", dit-elle.
Nos tentatives pour joindre le chef de la gendarmerie nationale, le maire de la ville de Nkayi et le Porte-parole du gouvernement sont demeurées vaines.
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