A Johannesburg, la commission d'enquête sur le vaste scandale de corruption à la tête de l'Etat a commencé ses travaux. Depuis deux ans, l'ancien président de la République Jacob Zuma et la famille d’entrepreneurs indiens des Gupta sont suspectés d'avoir nommé arbitrairement des alliés à la tête des ministères et des entreprises d'Etat pour détourner des fonds publics. Les témoignages recueillis au cours de la première semaine d’auditions n’ont fait qu'accabler l'ancien président.
« Nous exhortons tous les Sud-Africains qui aiment ce pays à se présenter et à aider cette commission, afin que nous puissions résoudre ce problème » appelle le juge Zondo, qui préside la commission d'enquête.
Le premier témoin à s'être présenté est Mcebesi Jonas, ancien ministre adjoint aux Finances. Personnage clef de cette affaire, il a révélé ce vendredi dans une déposition au vitriol sa première rencontre avec les Gupta, en 2015. Un meeting organisé en catimini grâce à l'entremise de Duduzane Zuma, fils de Jacob Zuma et fidèle bras droit des Gupta.
« Je leur ai demandé directement quel était le sujet de la rencontre. Monsieur Gupta m'a dit que le vieil homme, en référence au président Jacob Zuma, aimerait travailler avec moi et qu'ils voulaient se renseigner sur moi », raconte Mcebesi Jonas dans sa déposition.
L'offre est simple : plus de 40 millions de dollars s'il accepte le poste de ministre des Finances et surtout d'obéir aux ordres de la fratrie indienne. Pour « prouver qu'ils étaient sérieux », son interlocuteur lui aurait proposé de lui « donner 40 000 dollars en cash » sur-le-champ. Allant jusqu’à lui demander s’il disposait d’un sac ou s’il avait besoin de « quelque chose pour emmener cet argent ».
Devant le refus de l’ancien ministre, les Gupta se font menaçants. « A la fin de la rencontre, Monsieur Gupta a répété qu'ils avaient des informations sur moi. Et que si je disais que cette rencontre avait eu lieu, ils me tueraient ».
Ce témoignage est déterminant. Il montre pour la première fois les coulisses de la mainmise des Gupta sur les affaires sud-africaines et leurs méthodes.
D'autres témoignages à venir
Un autre témoignage vient lui établir les liens intimes et directs entre Jacob Zuma et les Gupta. Ce serait la porte-parole de l'ancien président qui s'occupait d'arranger les rendez-vous d'affaires dans la demeure de la famille indienne.
Les auditions commencent juste, mais dévoilent déjà un système de corruption à la pointe. La semaine prochaine, deux anciens ministres des Finances de Jacob Zuma sont programmés à la barre. L'un comme l'autre avaient été renvoyés du gouvernement pour avoir ouvertement critiqué la corruption à la tête de l'Etat.
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