
De retour d’Addis Abéba, la capitale éthiopienne, où s’est tenu la réunion du comité de cinq chefs d’Etat sur la Lybie, dont il devrait piloter la mission, le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou-N’Guesso, a répondu aux questions de la presse nationale et étrangère, au pavillon présidentiel de l’aéroport international Maya-maya.
Monsieur le président, vous avez été désigné comme président du comité de haut niveau sur la crise libyenne. Comment allez-vous procéder pour solutionner cette crise libyenne?
Denis SASSOU NGUESSO : Comme vous le savez en 2011, au tout début de la crise libyenne, l’Union africaine avait pris ses responsabilités et avait mis en place un comité de cinq chefs d’Etats. Il y avait 5 pays : l’Afrique du sud, le Mali, la Mauritanie, l’Ouganda et le Congo. Ce comité s’était rendu à Tripoli et à Bengazi. Ce sont les tout derniers chefs d’Etat qui avaient pris contact avec notre défunt frère, le colonel Mouammar Kadhafi et avaient proposé à la communauté internationale une solution africaine à la crise libyenne. Vous savez aussi que cette solution n’avait été acceptée. Et le conseil de sécurité avait engagé une action dont vous connaissez les conséquences avec la disparition du colonel Kadhafi. Et aujourd’hui, le désastre est en Lybie, désastre dans tous les secteurs : politique, économique, humanitaire, sécuritaire et j’en passe. En 2016, l’année n’est pas encore terminée, plus de 3000 jeunes africains sont passés par la libyennes à travers toutes les organisations de malfaiteurs, de trafiquants de tout genre, des passeurs sont passés par la Libye.
Plus de 3000 jeunes africains sont allés au fond de la méditerranée cette année. Je ne parle pas de ceux qu’on a pu sauver et qui seraient à Lampedusa ou ailleurs. Donc, malgré cette prise de position de l’Afrique en 2011, il a été fait autrement. Mais ceux qui avaient posé ces actes aujourd’hui constatent qu’ils ne sont pas dans les meilleures dispositions pour ramener la paix et la sécurité afin que la Libye soit de nouveau cet Etat qu’on a vu fonctionner. Qui a joué son rôle en Afrique et ailleurs.
Donc, le moment était quand même venu pour le continent africain de reprendre l’initiative, de reprendre ses responsabilités. C’est ce qui a été fait au dernier sommet de l’Union africaine à Kigali où un autre comité de haut niveau des Chefs d’Etat d’Afrique du sud, de l’Ethiopie, de la Mauritanie, du Congo et du Niger. Ce comité de cinq chefs d’Etat a été mise en place lors du sommet de Kigali. Ce comité s’est ouvert aussi à l’ensemble des pays voisins de la Libye. Et ce comité s’est réuni pour prendre ses responsabilités, reprendre l’initiative ensemble.
Et ce comité a tenu sa première réunion à Addis-Abeba et nous allons nous mettre au travail. Il y a le désastre, oui, c’est vrai mais il ne manque pas d’atouts. Le premier atout c’est la volonté quand même du peuple libyen de reprendre en main son destin et de faire confiance à l’Afrique, c’est un atout important. Il l’a déclaré à Addis-Abeba. Il faisait confiance aussi à l’Afrique. Pas seulement à l’Afrique, parce qu’au-delà de l’Afrique il y a d’autres organisations ; des Nations-Unies, la ligue arabe.
Mais cette fois l’Afrique qui a décidé de prendre ses responsabilités et d’avoir le leadership dans ce qu’on appelle la Troïka, c’est-à-dire l’Afrique, la ligue arabe et les Nations-Unies. Nous affirmons que cette fois c’est l’Afrique qui devra prendre le leadership de cette action-là. Et c’est déjà le premier atout, le peuple libyen qui a la volonté de sauver son pays. Il a déjà fait, il y a eu des tentatives. D’abord, le fait que le 17 décembre 2015, il y a eu cet accord qui existe et qui a été entériné par la communauté internationale ; l’accord politique en Libye. C’est une bonne base. Il y a le parlement libyen qui existe à Tobrouk. C’est aussi une base et il y a la présidence qui est sortie de ces accord de 2015.
Nous pensons qu’avec tous ces éléments il sera possible de tenir une réunion avec tous les libyens. C’est devenu à la mode, organiser aussi un dialogue inclusif avec les libyens et on pourrait consolider ces bases et sortir une démarche de sortie de crise. Il y aura donc une feuille de route qui sera élaborée à cet effet.
En 2011, l’Union Africaine avait décidé de prendre ses responsabilités, mais on connait la suite. Aujourd’hui, vous vous réappropriez l’initiative. Pourquoi avoir attendu maintenant ?
Il fallait bien un moment. Ce n’est pas que rien ne s’est passé, non ! Il y a eu de nombreuses initiatives des Nations-Unies sur la Libye. Et si je vous ai parlé de l’accord du 17 décembre 2015, c’est parce qu’un travail avait été fait en amont pour obtenir cet accord. Les Nations-Unies ont travaillé, la Ligue arabe aussi, l’Union Africaine à travers sa commission et le haut représentant, le président Kikwete. Le travail a été fait, oui ! Mais il était important quand même que l’Afrique s’approprie à nouveau ce dossier pour le gérer sous sa direction directe avec d’autres partenaires. Donc, ce n’était pas un dossier abandonné, mais le moment était venu pour que l’Afrique, de façon organisée, reprenne la main.
Les Etats-Unis viennent d’avoir un nouveau président, comme tout le monde le sait, Donald Trump. Que suscite en vous cette élection ? Et qu’est-ce que l’Afrique peut attendre de cet homme ?
Les Etats-Unis sont la première puissance du monde, donc l’élection d’un président aux Etats-Unis ne peut pas laisser les dirigeants du monde indifférents. Il faut d’abord féliciter ce président élu et reconnaitre que c’est la volonté du peuple américain qui a élu son président, dans un premier temps, c’est pour s’occuper de ses problèmes. Les problèmes du peuple américain prioritairement. C’est pour l’Amérique d’abord que le président a été élu et cela ne présente aucun doute.
Et puis c’est la première puissance du monde qui s’intéressera aux problèmes du monde entier c’est sûr. De l’Afrique aussi, parce que le monde ne marchera pas sans l’Afrique et nous ne pouvons pas dire que dans la campagne électorale aux Etats-Unis, il y a eu un grand débat sur l’Afrique.
Ce n’est pas parce que les candidats ont adopté telle ou telle position au sujet de l’Afrique que le président a été élu. Mais l’Afrique existe. Nous chercherons, au niveau africain, d’établir les relations avec le dirigeant de la plus grande puissance du monde. Il serait étonnant que le président Trump considère la marche du monde sans l’Afrique. On n’établira certainement les relations de coopération dans tous les domaines avec les Etats Unis d’Amérique, sous la direction du président Trump et chaque partie devra trouver son compte, j’imagine l’Afrique et l’Amérique. Pour l’instant on n’en dit pas plus. Attendons plutôt venir les choses et le président lui-même n’a pas encore fait des déclarations sur l’Afrique.
Depuis avril dernier, le département du Pool qui est voisin de Brazzaville, vit une situation sécuritaire très difficile avec des conséquences à travers le pays. Des voix notamment, celles des parlementaires estiment que vous, en tant que garant de la paix et de l’intégrité nationale, devrez trouvez l’issue pour cette crise…
Les Congolais aiment utiliser des grosses expressions : «la crise, la crise au Pool ». De quoi parlons réellement ? On parle de crise au Pool. Je dois vous dire que nous avons organisé la municipalisation accélérée dans le Pool et aussi la fête nationale à Kinkala, j’y étais. ...Lire la suite de l'article ici
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article