Depuis une semaine, une commission d'enquête mise en place par le gouvernement gambien décortique publiquement tous les comptes en banques relatifs aux affaires de Yahya Jammeh et de ses proches. Son but est d'établir si l'ancien président a pioché dans des fonds publics au cours de ses 22 ans au pouvoir. La commission, mise en place par le nouveau gouvernement, a déjà pu entendre plusieurs directeurs de banques privées, un représentant de la Banque centrale, et le comptable général du pays dans un hôtel proche de Banjul. Des auditions qui révèlent une utilisation de fonds publics pour le moins surprenante.
La commission n'a pour l'instant qu'à peine effleuré la surface d'un système financier complexe, mais ce qui ressort de cette première semaine d'auditions c'est l'existence d'un réseau de comptes en banques, contenant de l'argent public, et gérés à l'époque par le bureau du président Yahya Jammeh, via l'intermédiaire des membres de son cabinet.
En se penchant sur les retraits effectués, les membres de la commission ont mis au jour d'étranges transactions. Prenons par exemple ce compte sur lesquels était versée une partie des impôts collectés dans le pays. Les quelques 500 000 euros dépensés ont servi à payer, parfois en liquide, des entreprises privées, des particuliers et même les frais de scolarité de certains étudiants du supérieur.
Il en va de même pour des comptes collectant l'argent issu des activités minières dans le pays, servant à financer en vrac : des routes, des livres, des pèlerinages… Le tout sans jamais apparaître dans le budget de l'Etat.
La plupart du temps, les identités des destinataires ou les motifs de transactions sont inconnus. Les directeurs de banque reconnaissent avoir agi à l'époque sur simple lettre du bureau du président, sans demander de plus détails.
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