Au Burkina Faso, c'était la rentrée scolaire ce 2 octobre 2023 : 3,8 millions d'enfants ont pris le chemin de l’école primaire et secondaire. Mais le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) s'inquiète de voir près d’un million d'enfants qui ne peuvent pas être scolarisés en raison de la violence et de l'insécurité dans le pays, explique Emilie Roye cheffe éducation de l'Unicef au Burkina Faso.
« Il reste encore 6 000 écoles fermées, soit environ 25% des écoles du pays »
Elle participait ce lundi au lancement de la nouvelle rentrée à Koudougou. « Il reste encore 6 000 écoles fermées, ça représente environ 25% des écoles du pays, rappelle-t-elle tout d’abord au micro de Frédéric Garat. Dans le contexte actuel, l'insécurité empêche l'ouverture de certaines écoles, dans le sens où les fonctionnaires d'État comme les enseignants n'arrivent pas à rejoindre leurs postes. Dans d'autres cas, l'insécurité a forcé le déplacement d'un grand nombre de la population avec certains villages complètement vidés. Et donc, les écoles qui étaient là-bas sont maintenant fermées puisque de toute façon la population est partie. Et la population n’est pas toujours partie vers un endroit où il y a des écoles accessibles ».
Elle poursuit : « Il y a aussi des parents, surtout en zone rurale, qui n'osent pas envoyer les enfants marcher pour aller à l'école. Le climat d'insécurité affecte la capacité des enfants à se rendre à l'école, et la capacité des enseignants à rejoindre leur poste dans différentes régions. »
Face à cette déscolarisation d'une partie des élèves burkinabè, l’Unicef, en collaboration avec le ministère burkinabé de l'Éducation, tente d'augmenter l'enseignement à distance, notamment avec la distribution de postes radio qui permettent aux élèves de suivre des cours dans les zones les moins accessibles aux enseignants. Plus de 2 600 ont ainsi été distribués en ce sens pour la rentrée.
Des cours suivis à l’aide de « radios solaires »
« C'est un programme qui existe déjà, mais qu'on vise maintenant à améliorer et à passer à l'échelle où les enfants reçoivent leurs cours à travers des radios solaires qu'on leur distribue et en se réunissant régulièrement dans des clubs d'écoute, avec un animateur pour faire des devoirs, faire des exercices et pour ainsi assurer un minimum de continuité scolaire jusque dans les zones les plus affectées par la crise », détaille Emilie Roye.
Elle explique : « L'éducation à la radio permet aux enfants de continuer leur routine éducative, d'acquérir les bases nécessaires en lecture, en écriture, en calcul, avec l'espoir que, dès que possible, ils pourront réintégrer une forme d'éducation non-formelle ou formelle, en présentiel, avec un enseignant qualifié. Le programme d'éducation à la radio est, pour une période assez importante, le seul accès à l'éducation. Et donc on essaie présentement avec le ministère de l'Éducation de renforcer ce programme-là et de fournir un accompagnement un petit peu plus intense, y compris l'évaluation des compétences acquises. »
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