La décision de la Cour suprême a provoqué une onde de choc sur le continent. Pour la première fois, une élection présidentielle a été annulée par la justice. Mais gare aux répliques : le nouveau scrutin reste bien incertain…
Uhuru Kenyatta aurait dû se méfier de ce juge à la silhouette fine et à l’allure austère. Car David Maraga avait prévenu : il ne craint personne, à part Dieu. Le très pieux président de la Cour suprême kényane ne s’était pas contenté de le dire, il l’avait aussi prouvé avant même l’élection présidentielle du 8 août 2017. Fin mars, le chef de l’État est en tournée dans le comté de Nyamira, dans l’ouest du pays. Voilà maintenant près de deux ans qu’il bat la campagne pour s’assurer de remporter un second mandat face à son vieil adversaire, Raila Odinga. Panneaux publicitaires recouverts d’affiches à sa gloire, caravane électorale surdimensionnée, meetings aux quatre coins du pays… Aucun moyen n’est trop important.
Dans ce fief des Kisii, d’où est originaire le juge Maraga, Uhuru Kenyatta se vante d’avoir offert un travail « au fils » de la région. La réponse de la Cour Suprême est cinglante : « La déclaration du chef de l’État peut donner à croire que la désignation de son président est politique. Elle est regrettable, fausse, mais aussi notoirement trompeuse. » David Maraga, 66 ans, n’hésite pas à tenir tête à l’homme le plus puissant du pays.
Devenu avocat il y a quarante ans, nommé juge en 2003, puis magistrat à la cour d’appel en 2012, l’homme peut se targuer d’une carrière irréprochable. Un parcours qui lui a permis d’être préféré l’année dernière à dix de ses confrères pour prendre la tête de la Cour suprême, au terme d’une procédure laborieuse conçue pour assurer l’indépendance de la justice. « La nouvelle Constitution, votée en 2010, a beaucoup renforcé le pouvoir judiciaire », explique le politologue kényan Dismas Kizito Mokua. Auparavant nommé à la discrétion du président, le chef de la Cour suprême est désormais auditionné et sélectionné au préalable par la Commission des services judiciaires. David Maraga fait alors figure de candidat idéal. « Jamais je n’ai versé de pot-de-vin », jure-t-il devant micros et caméras, au lendemain de sa prise de fonction. Un petit exploit au Kenya. Adventiste du septième jour, Maraga a l’habitude d’affirmer que ses actes ne sont guidés que par la loi et la Bible. Qui aurait cru que le progrès démocratique viendrait de cet ultra-conservateur ?
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