Une saisie record d'or, venue de RDC, a été réalisée à l'aéroport Jomo Kenyatta de Nairobi. En février, les autorités ont mis la main sur 4,6 tonnes du précieux métal. Une cargaison d'une valeur de 138 millions de dollars. L'aéroport kényan sert régulièrement d'étape dans l'exportation de marchandises illégales.
C'est tout un avion qui avait été affrété pour transporter l'or. Selon la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco), la précieuse cargaison était originaire de Goma, dans l'est de la RDC. Passée par le Burundi, elle est arrivée à Nairobi où elle devait être blanchie, en se faisant cataloguer comme une marchandise kényane.
L'or devait être écoulé sur le marché du Moyen-Orient. Le commanditaire présumé de l'opération serait un multimillionnaire turco-américain basé à Dubaï. Il fournirait notamment du matériel militaire et de construction à divers pays. L'homme d'affaires aurait utilisé des Congolais de la diaspora pour tenter de faire passer la marchandise par le Kenya.
Nairobi, plaque tournante
Cette saisie n'est pas une surprise. Selon un expert, Nairobi est une plaque tournante pour l'or provenant d'Afrique de l'Ouest et centrale, en direction des marchés du Moyen-Orient et d'Asie. Une partie du précieux métal est issue de mines illégales et alimente les conflits armés, notamment en RDC.
En 2011, les autorités kényanes avaient par exemple mis la main sur 2,5 tonnes d'or, équivalant à 100 millions de dollars. Le président Kabila s'était alors rendu à Nairobi en urgence pour rencontrer son homologue kényan de l'époque, Mwaï Kibaki. Les deux chefs d'Etat avaient mis en place une équipe d'enquêteurs pour démanteler le cartel à l'origine du trafic.
Mauvais salaires et manque de sanctions
Si cette saisie n’est pas la première du genre, c’est notamment dû à deux facteurs, analyse Ernest Mpararo, le secrétaire général de la Ligue congolaise de lutte contre la corruption. Il pointe par exemple les salaires de tous les acteurs impliqués dans ce type de trafics :
« Nous sommes dans une région où les frontières sont poreuses, où les officiels sont corruptibles, donc tout peut arriver. Pour lutter contre cette fraude, la première chose, c’est que le gouvernement doit bien payer les agents de l’Etat. C’est un secteur où tout le monde est impliqué. Il y a les politiques, les militaires, les services de sécurité. Et tous ces gens qui sont impliqués, ils doivent être mieux payés. »
Le responsable de la Licoco déplore également le manque de sanctions mises en œuvre dans ces situations. « Lorsqu’on paye, il doit y avoir des sanctions pour les personnes qui ont commis des forfaits. Malheureusement, jusqu’à preuve du contraire, il n’y a aucune sanction. Ça n’existe pas. Ce qui favorise la fraude à grande échelle dans l’est de la RDC. »
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