L'ONU réclame un "cessez-le-feu" en Libye, où les combats s'intensifient près de Tripoli.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé un "cessez-le-feu" en Libye, où les combats s'intensifient près de Tripoli, pour éviter une "bataille sanglante" dans la capitale, après une réunion d'urgence du Conseil de sécurité mercredi. "Il est encore temps d'arrêter" les affrontements, "encore temps d'avoir un cessez-le-feu, d'éviter le pire", a déclaré à des médias M. Guterres après deux heures et demie de discussions avec le Conseil. Le Conseil de sécurité, qui s'était réuni à huis clos à l'invitation de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne pour discuter d'un projet de résolution demandant un cessez-le-feu, devrait adopter prochainement un texte poussant à l'arrêt des combats, selon des diplomates.
Les combats se sont intensifiés au sud de la capitale, cible depuis jeudi dernier d'une offensive du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays. "Nous avons besoin de relancer un dialogue politique sérieux", a déclaré M. Guterres, en reconnaissant que son appel à Khalifa Haftar de ne pas entreprendre d'offensive sur la capitale, alors qu'il se trouvait en visite en Libye, "n'avait pas été entendu". L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a affirmé avoir pris aux troupes du loyalistes une caserne à une cinquantaine de km au sud de la capitale.
Ses forces semblent avancer sur deux axes: par le sud et le sud-est, où des combats violents ont opposé l'ANL à des forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli. A une trentaine de km au sud de la capitale, l'aéroport international de Tripoli, inutilisé depuis des combats en 2014, est aussi le théâtre de combats, selon des journalistes de l'AFP dans le secteur.
Violents combats
"Pour le moment, c'est toujours le jeu du chat et de la souris", lance sur la route de l'aéroport un commandant d'un groupe armé loyal au GNA. "Ca tire à l'artillerie lourde et aux obus. L'aéroport est sur la ligne de front aujourd'hui. C'est très dangereux pour vous", explique cet officier pour justifier son interdiction à une équipe de l'AFP de s'approcher des combats. A Ain Zara, plus à l'est, une ville de la banlieue de Tripoli parsemée de fermes agricoles, les combats font rage.
Après une percée des combattants de l'ANL dans cette zone, située à une dizaine de kilomètres au sud de Tripoli, les forces du GNA ont réussi à les repousser plus au sud. Sur l'avenue principale de cette ville, un monticule de sable érigé par les forces pro-GNA sépare les deux camps, selon des journalistes de l'AFP sur place. "Les affrontements se sont intensifiés. Nous avons peur de quitter la maison (...). Ca tape fort!", a indiqué à l'AFP par téléphone une habitante du quartier. Le Croissant-Rouge libyen a indiqué que ses équipes avaient pu "intervenir mercredi matin pour évacuer des civils dans les zones de combats". L'organisation n'a pour l'instant accès qu'aux zones contrôlées par le GNA, de façon discontinue.
Dans un pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, les organisations internationales craignent que les civils ne fassent une nouvelle fois les frais des violences. Quelque 4.500 personnes ont déjà été déplacées par les combats, selon l'ONU. Le centre d'analyses International Crisis Group (ICG) a estimé qu'un "déploiement plus important de combattants" ou "une intervention militaire extérieure" en Libye pourraient précipiter une "catastrophe humanitaire".
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