Yanish Ismaël , 26 ans, a été enlevé le 14 mai dernier par des personnes non identifiées. Un policier est mort en tentant d'empêcher ce kidnapping, dernier en date d'une longue série qui touche la communauté indo-pakistanaise des karanas, dont une grande partie est aussi de nationalité française. Jeune Afrique a interrogé son père, Danil, à qui les ravisseurs auraient demandé une rançon avoisinant le million d'euros.
« Dépourvu. Vidé ». Depuis le 14 mai et le kidnapping de son fils Yanish, Danil Ismaël subit une véritable guerre des nerfs de la part des ravisseurs. La dernière fois qu’il les a eu au bout du fil, le 21 mai, s’était pour s’entendre dire « ton fils ne va pas bien. Dépêche-toi de payer, ce n’est pas le premier que nous tuerons. Ni le dernier ». Un peu plus tôt, le même jour, le patron de la Société malgache de transformation de plastiques (SMTP), groupe diversifié qui emploie plus de 1 500 personnes sur la grande île, avait été rendre hommage à Joseph Théophile Livatiana Nomenjanahary, le policier qui s’était courageusement interposé lors du rapt et qui est mort de ses blessures à la polyclinique d’Ilafy.
En voyage d’affaires dans la région de Nosy Be, Danil Ismaël n’était pas présent sur les lieux du drame, mais sa famille lui a depuis raconté les événements, dans le moindre détail. « Un dimanche par mois, mon fils se rendait au cimetière musulman d’Ilafy, pour visiter la tombe de ses grands-parents », commence à raconter ce membre éminent de la communauté karana. Yanish, 26 ans, est alors accompagné de son jeune neveu et ne juge pas utile de se faire escorter par l’un des gardes du corps de la famille. Après s’être recueilli devant la sépulture en compagnie de ses oncles, il est un peu moins de 10h30, quand Yanish se dirige vers la sortie et monte dans sa voiture, quand un 4×4 surgit et bloque le passage. Armés de fusils d’assaut et cagoulés, plusieurs hommes bondissent hors du véhicule, mettent en joue le plus jeune des fils Ismaël, le sortent de sa berline et l’obligent à grimper dans la leur.
Entre temps, l’officier de police Livatiana Nomenjanahary, présent sur place pour escorter une autre grande famille karana, les Tahora, sort son arme et, selon plusieurs témoins, tire en l’air. Les ravisseurs répliquent immédiatement et l’atteignent de deux balles à l’abdomen. « D’excellents tireurs car ils étaient distants d’une bonne cinquantaine de mètres », croit savoir Danil Ismaël. La scène n’a pas duré deux minutes, devant une centaine de personnes médusées. Moins d’une demi-heure plus tard, le téléphone de Danil Ismaël sonne. Au bout du fil, les kidnappeurs : « Votre fils est entre nos mains ».
Une demande de rançon proche du million d’euros
En état de choc, le père de Yanish regagne la capitale et prend contact avec le colonel Robin Joubert, attaché de sécurité intérieure à l’Ambassade de France à Madagascar.
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