Au Mali, Ras Bath sera jugé pour avoir dénoncé l'« assassinat » de Soumeylou Boubeye Maïga. Chroniqueur radio et figure de la société civile malienne, Mohamed Youssouf Bathily, de son vrai nom, a été inculpé ce 13 mars 2023 et placé sous mandat de dépôt pour, notamment, « atteinte au crédit de l'État ».
« Simulation d'infraction » et « atteinte au crédit de l'État pris dans les actions judiciaires, par le biais d'un système d'information. » Tels sont, de source proche du Parquet, les chefs d'inculpation retenus contre Ras Bath par le Tribunal de la Commune IV de Bamako.
Le chroniqueur radio restera emprisonné jusqu'à son procès, fixé au 13 juin 2023. Il encourt d'un mois à cinq années de prison.
Ce sont les propos tenus le 11 mars lors d'une rencontre du parti Asma – celui de feu Soumeylou Boubeye Maïga – et leur diffusion sur les réseaux sociaux qui sont en cause. Il « n'est pas mort, il a été assassiné, c'est le terme qu'il faut », avait notamment déclaré Ras Bath au sujet de l'ancien Premier ministre, décédé le 21 mars 2022.
Soumeylou Boubeye Maïga avait été emprisonné pendant quatre mois à la Maison centrale d'arrêt de Bamako, dans le cadre d'une procédure anticorruption sur l'achat d'équipements militaires et sur l'acquisition d'un avion présidentiel en 2014, puis transféré dans une clinique du fait de la grave dégradation de son état de santé. Mais les autorités maliennes de transition avaient refusé son évacuation sanitaire, en dépit des recommandations médicales et des supplications de sa famille.
« Il n'a pas dénoncé nommément quelqu'un »
Aujourd'hui, l'avocat de Ras Bath, Maître Kassoum Tapo, dénonce un « bâillonnement politique » : « Je ne suis pas surpris et Ras Bath non plus, il s'y attendait. C'est tout simplement un bâillonnement politique. Ras Bath a tenu un discours politique, dans une arène politique. Qu'a-t-il dit ? Que les membres de l'Asma, les militants de Boubeye eux-mêmes, sont membres du CNT [Conseil national de transition, l'assemblée législative de la transition, ndlr] et qu'ils auraient dû interpeler le gouvernement sur l'assassinat de Boubeye. »
Maître Kassoum Tapo poursuit : « Ras Bath a dénoncé un crime, il a dit que Boubeye avait été assassiné. Il n'a pas dénoncé nommément quelqu'un, cela aurait été une dénonciation calomnieuse, mais je ne vois pas pourquoi on le met en prison parce qu'il a dit que Boubeye a été assassiné. S'il se trouve un citoyen qui dénonce cette situation, il faut simplement faire des enquêtes, pas le mettre en prison ! S'il n'y a pas d'autre motivation, bien sûr. »
Pour Rappel, Ras Bath avait déjà passé plusieurs mois en prison au début de la période de transition, entre décembre 2020 et avril 2021. Il était alors accusé, aux côtés de six autres personnalités maliennes dont l'ancien Premier ministre Boubou Cissé, de tentative de coup d'État. La Cour suprême avait finalement décidé d'abandonner les poursuites.
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