Au Maroc, alors que la contestation dans le Rif connait un relatif apaisement après le retrait partiel des forces de l'ordre de la région, sur consignes du roi Mohamed VI, l'enquête se poursuit du côté des détenus du Hirak. Ce lundi 10 juillet, Nasser Zefzafi, leader charismatique du mouvement, arrêté à a fin du mois de mai est auditionné par un juge d'instruction pour s'expliquer sur des soupçons de financement étranger du mouvement.
L'interrogatoire devrait durer entre 4 et 5 heures selon sa défense. Nasser Zefzafi, en détention depuis plus d'un mois à la prison d'Oukacha à Casablanca, est sommé de s'expliquer, au sujet d'un total équivalent à 318 euros de fonds reçus ces derniers mois de l'extérieur du Maroc.
Cette somme d’argent plus ou moins modeste, selon la défense, qui a servi de base aux accusations de main étrangère sur le mouvement. Des accusations largement relayées par les voix officielles ces derniers mois taxant le mouvement du Hirak, dans cette zone berbérophone, de visée séparatiste. Depuis, l’Exécutif a fait marche-arrière de ces accusations. Il y a une dizaine de jours, le chef du gouvernement faisait son mea culpa devant les télévisions publiques. Saad Eddine el-Othmani avait en effet reconnu que ces accusations de séparatisme de la part des partis de la majorité envers ce mouvement du Hirak avaient été « une erreur ».
Ce montant fait aussi ironiser les avocats, pour un client qui cumule des chefs d'inculpation pour le moins sérieux. Atteinte à la sureté intérieure et extérieure de l'Etat, violence avec préméditation, ou encore trouble à l'ordre public... Le trentenaire rifain encourt des peines de plusieurs décennies de détention. La défense estime qu'avec un peu de clémence, la condamnation pourrait se situer autour de 20 à 30 ans de prison ferme.
Cette audition intervient alors que les pouvoirs publics envoient ces derniers jours des signaux contradictoires à destination du mouvement de contestation rifain. Le 3 juillet dernier, le retrait des forces de l’ordre du centre-ville d’Al Hoceïma sur ordre du roi était annoncé, tandis que samedi 8 juillet, un rassemblement féminin de soutien au mouvement rifain a été violemment dispersé à Rabat, au cœur même de la capitale marocaine.
Selon la défense, une cinquantaine de personnes doivent être auditionnées d’ici la fin du mois par le juge d’instruction dans le cadre de cette affaire. D’après les estimations, près de 200 personnes ont été arrêtées depuis le durcissement de la contestation dans le Rif il y a plus d’un mois.
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