« Nous conseillons à toutes les entreprises audiovisuelles de désinstaller leur compte Twitter et d’utiliser Twitter pour rechercher des informations, ou des sources d’information », a écrit le directeur de l’organe de régulation audiovisuelle, National Broadcasting Commission (NBC), Armstrong Idachaba, dans un communiqué diffusé lundi.
« Cela serait considéré comme anti-patriotique pour quelconque média audiovisuel de continuer à soutenir Twitter », est-il indiqué.
Le ministère de l’Information et de la Culture avait annoncé vendredi soir que le gouvernement avait « suspendu, pour une durée indéterminée, les activités du service de microblogging et de réseau social Twitter au Nigeria ». Cette décision est intervenue après la suppression mercredi par Twitter d’un message du président Buhari qui menaçait de « traiter avec un langage qu’ils comprennent » les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria – attribuées par les autorités à des séparatistes igbos.
Le Tweet avait été fortement décrié à travers le pays et le réseau social avait estimé que M. Buhari enfreignait ses règles d’utilisation en matière de conduite haineuse. L’Union européenne (UE), la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada ont déploré la suspension de Twitter dans un communiqué conjoint, et leurs ambassadeurs ont été reçus dans une réunion à huis-clos lundi matin auprès du ministre des Affaires Etrangères Geoffrey Onyeama.
« Il était absolument important de prendre vos commentaires avec beaucoup de sérieux et de vous rencontrer, discuter et partager nos opinions, comme à notre habitude dans un climat amical », a déclaré le ministre en amont de la réunion dans un signe d’apaisement. « Le baillonement de Twitter est surtout un moyen de bailloner les medias », assure le responsable web d’une importante chaîne de télévision à l’AFP. « Nous devons réagir, car si nous ne réagissons pas à ça, ils peuvent encore aller plus loin. »
Les medias nigérians ont une très forte présence sur les réseaux sociaux, enregistrant des millions d’abonnés sur Twitter. Le réseau social est très populaire au Nigeria, où l’âge médian de la population est de 18 ans. Plus de 39 millions des quelque 200 millions de Nigérians ont un compte Twitter, selon un sondage.
La plateforme joue un rôle important dans le débat public, avec des hastags ayant eu un grand écho, comme #BringBackOurGirls (« Ramenez nos filles »), devenu viral lors de l’enlèvement de 276 écolières par le groupe jihadiste Boko Haram en 2014, ou #EndSARS, qui a donné en 2020 son nom au vaste mouvement contre les brutalités policières et contre le pouvoir.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article