Le scrutin prévu samedi dans quatre comtés de l'ouest du Kenya, où l'élection présidentielle n'a pu avoir lieu jeudi en raison des violences, a été reporté sine die par la Commission électorale (IEBC), a annoncé vendredi son président, Wafula Chebukati.
En raison des menaces pesant sur le personnel électoral, l’IEBC a décidé de « reporter l’élection qui devait avoir lieu samedi à une date qui sera annoncée dans les jours prochains », a déclaré Wafula Chebukati. « Quand il s’agit de notre personnel (…), quand leurs vies sont en danger, nous, en tant que commission, sommes profondément préoccupés », a-t-il expliqué.
L’IEBC avait reporté à samedi le scrutin dans les comtés d’Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya, tous acquis à l’opposition, en raison des violences de jeudi. La plupart des bureaux de vote y étaient restés fermés, le matériel électoral n’ayant pu être acheminé et les agents électoraux craignant pour leur sécurité.
Boycott de l’opposition
L’opposition avait appelé un peu plus tôt ses partisans à « rester à l’écart » du scrutin organisé samedi. « La première chose que nous voulons dire à nos partisans maintenant, c’est que nous voulons être sûrs qu’ils ne seront pas blessés lors de la répétition forcée de l’élection [samedi] », a déclaré l’un des leaders de l’opposition, Musalia Mudavadi, lors d’une conférence de presse. « Nous leur disons de rester à l’écart, a-t-il poursuivi. Car ils pourraient marcher vers un piège dans lequel ils seraient blessés. C’est notre priorité. »
Au moins 46 morts depuis août
Le bilan des violences s’est alourdi, avec l’annonce de la mort d’un homme lors de nouvelles manifestations de l’opposition vendredi à Bungoma, dans l’ouest du Kenya. Un autre manifestant a succombé aux blessures reçues jeudi en marge du scrutin. Six personnes ont été tuées en l’espace de deux jours, portant le nombre de victimes à au moins 46 depuis le scrutin présidentiel du 8 août.
De son côté, la coalition d’opposition Nasa s’est félicitée du succès de ses appels au boycott. Sur plus de 90 % des circonscriptions dépouillées, moins de 35 % des 19,6 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes.
L’élection ? « Une mascarade »
« Le boycott a montré que les prétendus chiffres et pourcentages avancés tout du long par (le parti au pouvoir) Jubilee et (le président) Uhuru Kenyatta étaient frauduleux », a déclaré Musalia Mudavadi. « Uhuru a perdu les élections en août. Il a encore perdu cette parodie d’élection, lors de laquelle il concourait en fait contre lui-même ».
« Nous appelons l’IEBC à annuler ce scrutin forcé. La motivation est clairement malveillante et néfaste et le processus entier est une mascarade », a-t-il martelé.
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