Trois semaines après l’invalidation de la présidentielle kényane par la Cour suprême, son président, David Maraga, a dénoncé mardi les menaces formulées par des responsables politiques et leurs partisans à l’encontre de son institution. Il s'apprête à publier ce mercredi son jugement complet sur le scrutin du 8 août.
« Des juges, particulièrement ceux de la Cour suprême (…) ont été attaqués, menacés et décrits de manière négative sur les réseaux sociaux », a déclaré à la presse David Maraga. Le président de la Cour suprême s’est également offusqué des manifestations, qui « ont clairement pour but d’intimider les juges ».
Une allusion aux centaines de partisans du président sortant, Uhuru Kenyatta, rassemblés mardi devant la Cour suprême, qui réclamaient que leur favori puisse prêter serment pour un second mandat. Ils ont été dispersés par la police anti-émeute à l’aide de gaz lacrymogène. Ailleurs dans le pays, notamment à Nakuru (centre), des manifestants ont bloqué des routes.
Les déclarations de David Maraga interviennent la veille de la publication très attendue du jugement complet de la Cour suprême. Celle-ci doit expliquer en détails la décision prise le 1er septembre d’invalider l’élection du 8 août, et notamment préciser les « irrégularités » qui auraient entaché la transmission des résultats.
Les juges ? Des « escrocs », selon Kenyatta
Cette décision sans précédent sur le continent africain avait été saluée par l’opposant Raila Odinga, à l’origine de la saisine de la Cour suprême, et de nombreux observateurs. De son côté, Uhuru Kenyatta n’a pas mâché ses mots, en qualifiant les juges « d’escrocs ». Il a notamment promis de « régler » les problèmes existants selon lui dans le système judiciaire.
Il avait ensuite semblé vouloir faire machine arrière, expliquant avoir parlé sous le coup de la colère. Ce que les commentateurs avaient interprété comme un moyen de ne pas froisser la communauté Kisii, à laquelle appartient David Maraga, avant de nouvelles élections.
Des doutes sur l’échéance du 17 octobre
Les médias locaux ont pour leur part rapporté plusieurs manœuvres de députés de son parti en vue de limiter à l’avenir les pouvoirs de la Cour suprême.
La Commission électorale, dont la gestion du scrutin du 8 août a été vivement critiquée, a fixé la nouvelle élection au 17 octobre. Mais de nombreux doutes subsistent quant à sa capacité à se tenir à cette échéance. Des incertitudes renforcées par les déclarations de la société française OT Morpho, en charge de la fourniture du système électronique de transmission des résultats et des équipements de reconnaissance biométrique des électeurs, qui a assuré ne pas pouvoir être prête d’ici au 17 octobre.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article