Entre 52 000 et 78 000 personnes ont traversé la frontière angolaise en dix jours, selon les chiffres collectés par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Des Congolais en situation irrégulière expulsés d'Angola parfois manu militari. Beaucoup de jeunes hommes, mais aussi des femmes et des enfants qui souvent ont tout perdu et ne savent pas où aller. Sur place les ONG alertent les autorités sur une situation qui pourrait devenir intenable.
On se croirait à Kinshasa. Voilà ce que l'on se dit à Kamako, petite localité au bord de la frontière angolaise, tant les rues sont pleines. Généreuse Marie Ngonza est arrivée il y a deux jours avec son mari et sa fille. Elle a quitté Lucapa, à 150 kilomètres de là, comme beaucoup d'autres expulsés. Les premiers ont dû faire la route à pied, d'autres sont monté dans des bus ou même des camions de marchandises.
Généreuse a de la chance d'être hébergée par son frère, mais elle est désemparée face à la situation : « On n’a pas d’argent, on n’a rien. On est sortis dépourvus. On ne sait pas ce qu’on ferait si on n’avait pas de famille. Il y a d’autres personnes qui n’ont pas de gens. Ils vivent difficilement, ils n’ont pas d’endroit pour dormir ».
Les expulsés sont partis les mains quasi vides, leurs biens confisqués par les autorités angolaises. Sans argent, comment regagner sa ville d'origine ? Emmanuel Buabua a travaillé trois ans dans les carrières en Angola. Sa femme et ses six enfants sont à Kinshasa, et il ne sait pas comment les rejoindre : « On a une grande famille. Et on ne sait pas comment les retrouver. On ne sait pas quoi faire. On n’a pas de boulot et je n’ai rien ».
Les ONG en appellent aux autorités. Il faut permettre aux expulsés de rentrer chez eux. Dans les petites villes frontalières sans infrastructures adaptées, la situation sanitaire devient critique, comme l'explique Bellarmin Mbango de l'organisation War Child : « Nous allons demander que la situation soit considérée avec beaucoup de sérieux, parce que c’est beaucoup de gens qui arrivent. Et il ne faudrait pas qu’une épidémie éclate ici, qui serait très difficile à gérer ».
En attendant, un peu dépassées par les événements, les ONG tentent de s'organiser.
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