Sa parole est rare, son discours à la nation était donc très attendu. Joseph Kabila, le président congolais, s’est exprimé mardi 15 novembre devant le Parlement, réuni en congrès à Kinshasa dans un contexte de report de la présidentielle qui était prévue initialement le mois prochain. Un discours combatif de quarante-cinq minutes environ. Le président congolais a dénoncé l’ingérence extérieure et fustigé ses opposants. Joseph Kabila a commencé ce discours par un bilan de ses quinze années au pouvoir. Il est parti des élections de 2006 pour évoquer la stabilité politique, il a également abordé la question de l’économie.
En 2001, « je m’étais engagé à opérer des changements profonds », a rappelé le chef de l’Etat congolais. De cette période, il dresse un tableau qu’il qualifie lui-même de « sombre » : pays divisé et démocratie et économie en panne. Et parmi les réalisations, Joseph Kabila cite le retour à la paix, les premières élections démocratiques, la décentralisation, des réformes structurelles. Un « chemin semé d’embûches mais des réalisations dont on peut être fiers ». Et une « stabilisation économique, malgré la dernière crise », a-t-il souligné. Joseph Kabila a également parlé des infrastructures dans cette première partie de discours en forme de bilan. Et première considération du président Kabila, depuis son accession au pouvoir, le peuple lui a accordé un « soutien indéfectible ».
L'opposition, jamais citée, accusée de manipulation
La deuxième partie était, évidemment, politique. « La stabilité politique doit être considérée comme un patrimoine commun », a estimé Joseph Kabila. « Aucun agenda politique ne saurait justifié la violence ». Il s’est adressé à la fois au Rassemblement de l’opposition, même s’il ne l’a pas cité, en lui reprochant effectivement de manipuler ou d’essayer de manipuler la population : « C’est tout simplement inacceptable, car elle aurait pour effet de replonger notre cher et beau pays dans le chaos, comme c’est aujourd’hui le cas de certains pays frères à travers le monde. Soucieux de mes responsabilités de garant du bon fonctionnement des institutions, je ne peux permettre que la République démocratique du Congo soit prise en otage par une frange de sa classe politique ». Et d'accuser certains politiciens, toujours sans les citer, de « miser sur la mort de Congolais et les destructions méchantes ». Il a également dit qu’il considérait qu’il y avait des officines qui faisaient également ce travail de manipulation d’une frange de la population et que lui se posait donc en garant des institutions.
Soutien à l'accord politique
Ce que Joseph Kabila a également expliqué, c’est qu’il soutenait évidemment l’accord politique signé entre la majorité et une frange de l’opposition, qu’il allait nommer incessamment un nouveau Premier ministre et qu’il ne fermait pas la porte, qu’il formait « le vœu ardent » que d’autres allaient se joindre à cet accord et le signer. « Quant à ceux qui s’interrogent sur mon avenir politique », le chef de l’Etat a eu ses mots : « N’ayant jamais été violée, la Constitution sera respectée dans toutes ses dispositions ». Il a également parlé des missions des évêques de la Cenco en parlant au passé et d’échec dû à l’obstination – explique-t-il en substance – de ses opposants qui refusent toujours le dialogue.
A la fin, Joseph Kabila a fait un tour de la salle pour saluer notamment le premier rang. On l’a vu saluer Vital Kamerhe, le président de l’UNC, l’ancien vice-président et également les membres de la majorité, sous les hourras de ses partisans qui se trouvaient au fond de la salle. « Je crois que toutes les questions taboues ont trouvé des réponses aujourd'hui », s'est réjoui Vital Kamerhe, qui s'est dit rassuré par les propos du chef de l'Etat. De son côté, le député Delly Sessanga, président de l’Envol et membre du Rassemblement est beaucoup moins convaincu par la promesse du chef de l’Etat.
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