A Kananga, en RDC, s’ouvre ce lundi 18 septembre le Forum sur la paix et la réconciliation dans les cinq provinces du Kasaï, et notamment dans le Kasaï-Central. Objectif : permettre aux habitants de se parler et d’établir les responsabilités dans les affrontements très meurtriers qui ont eu lieu ces derniers mois, entre l’armée congolaise et la milice Kamuina Nsapu. Une initiative qui suscite à la fois de l'enthousiasme et des doutes.
Des notabilités et les gouverneurs des cinq provinces de l'espace kasaïen participent au forum mais l'opposition, elle, a décliné l'invitation. Elle exige une enquête avant tout, et qualifie la rencontre actuelle de « mini congrès » du PPRD...
Le vice-Premier ministre en charge de l'intérieur est lui à Kananga depuis dimanche et dès son arrivée, Emmanuel Ramazani Shadari a annoncé les règles du jeu. Selon lui « il faut une conférence où les gens doivent se parler, les gens doivent se regarder dans les yeux, pour qu'on se dise la vérité, pour qu'on dise plus jamais ce qui s'est passé dans l'espace kasaïen... ».
Des appels à la réconciliation et à la paix ont précédé la tenue de ces assises. Relayés par les réseaux sociaux, plusieurs leaders politiques et autres notabilités du Grand Kasaï ont insisté sur l'importance de la repentance avant toute réconciliation.
La repentance avant la réconciliation
« Tout ce qui peut ramener la paix dans le Kasaï est à encourager. » Pour Anaclet Tshimbalanga, habitant du Kasaï et expert en gestion des conflits coutumiers, les autorités vont dans le bon sens. Mais pour que le Forum fonctionne, il faut que les bonnes personnes, les vrais acteurs, soient conviées à s'exprimer.
« Ce qui est très important, c’est de cibler les personnes qui sont les véritables représentants des communautés qui sont en conflit, donc je pense aux chefs coutumiers, aux leaders communautaires des milieux ruraux qui ont été fortement éprouvés et qui sont dans le besoin d’exprimer leurs véritables problèmes », préconise-t-il.
Rétablir une cohabitation communautaire pacifique, c'est l'objectif de ce Forum, et le souhait bien sûr de tous les habitants du Kasaï. Mais la paix ne se décrète pas du jour au lendemain. « La paix est un véritable processus. Peut-être qu’ils peuvent commencer par ça et organiser des séances d’écoute pour appeler les uns et les autres à s’écouter. Mais si c’est pour trois jours, ce n’est pas suffisant », avertit Anaclet Tshimbalanga.
L'opposition n'y croit pas
Qui a fait quoi ? Qui a tiré le premier et comment en est-on arrivé là ? Comment et pourquoi la tragédie n'a-t-elle pas été évitée ? Autant de questions posées par le député de l'opposition Claudel Lubaya qui, comme d'autres élus de son obédience, a décliné l'invitation. Selon cet élu de Kananga, en l'absence des réponses claires à toutes ces questions, convoquer un forum sur la paix et le développement c'est souiller la mémoire des victimes et une fois de plus se moquer de tout un peuple.
Selon un bilan de l'Eglise catholique, les violences dans le Kasaï ont fait plus de 3 000 morts et plus d'un million de déplacés en un an.
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