Réélu pour un quatrième mandat à la tête du Rwanda, le président Paul Kagame a prêté serment dimanche 11 août devant des milliers de personnes à Kigali.
Le président rwandais Paul Kagame a prêté serment dimanche pour un quatrième mandat, assurant que la paix régionale était sa « priorité » face au conflit en cours en RDC voisine.
M. Kagame, 66 ans, a remporté la présidentielle le mois dernier avec un score de 99,18 % des voix.
Plusieurs dizaines de chefs d’État et d’autres dignitaires africains ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie d’investiture, organisée dimanche après-midi dans un stade bondé de 45 000 places de la capitale Kigali, où beaucoup portaient les couleurs du drapeau rwandais (vert, jaune et bleu).
M. Kagame a prêté serment devant le président de la Cour suprême Faustin Ntezilyayo, s’engageant à « préserver la paix et la souveraineté nationale » et à « consolider l’unité nationale ».
Le président Kagame a aussi assuré que « la paix dans notre région est une priorité pour le Rwanda, mais elle fait défaut, en particulier dans l’Est de la RDC ». Cependant, pour le chef de l’État rwandais, «la paix ne peut être instaurée (…) si la partie la plus concernée ne fait pas ce qui est nécessaire ».
Dans un entretien avec un média congolais à Bruxelles, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a déclaré être prêt à parler avec Kagame, rejetant en revanche toute éventualité de négocier avec le M23 « tant que je serai président ».
Le président angolais João Lourenço, qui a assisté à la cérémonie de dimanche, devait s’entretenir avec M. Kagame à propos de l’accord de cessez-le-feu en RDC conclu le mois dernier avec la médiation angolaise, a fait savoir Luanda.
L’Angola avait négocié cet accord après une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda. Mais le 4 août, jour où il devait entrer en vigueur, les rebelles du M23, qui se sont emparés de vastes territoires dans l’Est de la RDC depuis le déclenchement de leur offensive fin 2021, ont pris le contrôle d’une ville à la frontière avec l’Ouganda.
Un rapport récent d’experts de l’ONU indique que 3 000 à 4 000 soldats rwandais combattent aux côtés du M23 et que Kigali a « le contrôle de facto » des opérations du groupe.
Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet, M. Kagame n’a pas nié la présence de soldats rwandais en RDC, soulignant à la place la « persécution » de la minorité tutsie et le risque d’instabilité à la frontière rwandaise.
Après avoir atteint la limite de deux septennats, M. Kagame a pu se présenter à nouveau en 2017, à la faveur d’une révision constitutionnelle intervenue deux ans plus tôt instaurant le quinquennat – avec le maintien d’un maximum de deux mandats. Cette réforme peut lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
Paul Kagame est l’homme fort du Rwanda depuis qu’il a renversé en juillet 1994, avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), le gouvernement extrémiste hutu instigateur du génocide qui a fait, selon l’ONU, plus de 800 000 morts au sein de la minorité tutsie.
Crédité du spectaculaire redressement économique de son pays depuis, il est aussi sensible pour le manque d’ouverture démocratique.
Seuls deux candidats avaient été autorisés à concourir contre lui à l’élection de juillet, les six autres, dont certains opposants très critiques de M. Kagame, en ayant été empêchés.
Frank Habineza, le dirigeant du seul parti d’opposition autorisé (le Parti démocratique vert, DGPR), et l’indépendant Philippe Mpayimana ont obtenu respectivement 0,50 % et 0,32 % des voix.
Avec 65 % de la population âgée de moins de trente ans, la plupart des Rwandais n’ont connu que Paul Kagame à la tête de leur pays.
« J’ai fièrement voté pour le président Kagame et il était essentiel que je sois là aujourd’hui pour assister à cette investiture historique », a dit Tania Iriza, une commerçante de 27 ans venue assister à la cérémonie. « Ses qualités de dirigeant ont transformé notre nation. Sous son régime, le Rwanda s’est relevé de son passé tragique pour tracer un chemin vers la prospérité, l’unité et l’innovation ».
Paul Kagame a remporté chaque présidentielle à laquelle il s’est présenté, à chaque fois avec plus de 93 % des voix.
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