L’actualité politique ouest africaine de ces dernières
années n’est-elle pas propice pour s’interroger sur la démocratie africaine ?
Du Mali en 2012 au Mali en 2020 en passant par le Burkina Faso (2014), la
Guinée (2020) et la Côte d’Ivoire (2020), la démocratie répond-elle aux
aspirations profondes des populations ?
Pourquoi l’Etat, l’entreprise la plus noble, n’exige pas
pour sa gestion des dirigeants dignes et compétents alors que la plus petite
des entreprises exige des compétences intellectuelles et morales confirmées à
tout prétendant à sa gouvernance ? Pourquoi pour gouverner les régions qui
vivent une insécurité élevée on fait appel à des militaires ou à des membres de
la sécurité d’Etat alors qu’on dénie aux militaires la gestion d’un département
ministériel ou la possibilité de prétendre à une candidature pour diriger un
pays ? Est-ce un pays qui connaît une insécurité endémique ne serait pas mieux
protéger par un premier responsable formé pour gérer la sécurité ?
Est-ce vraiment le choix des peuples de ne pas confier leur
sort aux militaires ? Faut-il se référer aux douloureux événements du passé
pour interdire les militaires d’emploi au sommet de l’Etat ? Il n’y a-t-il pas
eu des régimes civils aussi sanguinaires que certains régimes militaires ? La
discipline est-elle l’ennemie de la démocratie ?
La Révolution démocratique et populaire n’est-elle pas citée
en exemple comme un régime qui a produit des résultats ? Faut-il se priver de
l’apport des militaires au sommet de l’Etat même si celui qui veut y prétendre
en a les capacités ? Les impératifs du contexte africain n’invitent-elles pas à
considérer certains principes de la démocratie occidentale, importée et
expérimentée sur le continent sans résultats satisfaisants sur la gouvernance
et le développement des Etats depuis trois décennies ?
La conférence de la Baule a maintenant plus de trente ans et
les acquis sont-ils à la hauteur des promesses et des conditionnalités ?
Faut-il continuer à agir de la même manière qui semble contre-productive depuis
une trentaine d’années ? Einstein a-t-il raison d’affirmer que la folie c’est
de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ?
Pourquoi pour l’actualité au Mali, la communauté
internationale exige le retour à l’ordre constitutionnel sans pour autant
exiger des gouvernants le respect des principes de la gouvernance vertueuse :
transparence, responsabilité, participation et inclusion ? Pourquoi la
communauté internationale et son bras local la CEDEAO demeure dans un mutisme
assourdissant quand des Chefs d’Etat érigent leurs missions en obligations
prophétiques découlant d’un destin divin ?
Et si on accordait plus de responsabilités aux femmes et aux
filles, nos démocraties connaîtraient-elles un visage différent ? Ces questions
ne sont-elles pas contraires aux intérêts des professionnels de la démocratie ?
Pourquoi le seul fait de disposer de ressources financières, d’avoir des
réseaux pour mobiliser quelques centaines de milliers de personnes est-il
suffisant pour octroyer une avenue à certains, qui peinent à répondre aux
attentes des populations, pour diriger tout un pays ?
Pourquoi s’étonne-t-on que les présidents biens élus,
souvent avec des scores élevés, se retrouvent du jour au lendemain contestés et
vomis par leurs électeurs ou par ceux qui, souvent plus nombreux ne votent pas
mais influencent par la rue ?
En somme, les questions sont-elles aussi importantes que les
réponses ? Si oui, pouvons-nous nous poser les bonnes questions pour espérer
faire bouger les lignes ?
Dr Poussi Sawadogo
Coach – formateur, Enseignant – chercheur et Diplomate - écrivain
Conseiller en formation de l’IACDI
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