Nous avons entendu et lu la déclaration du Président de la République de Côte d’Ivoire, Monsieur Alassane Ouattara, à propos de la crise politique et constitutionnelle ouverte au Zimbabwe : «…il est temps qu’il (le Président de la République du Zimbabwe, Monsieur Robert Mugabe) passe le témoin à la jeune génération, compte tenu de son âge avancé…qu’il quitte ses fonctions dans la dignité… ».
Une telle déclaration publique, de la part d’un chef d’Etat (africain) à l’encontre d’un autre chef d’Etat (africain), ne laisse guère de surprendre autant qu’elle intrigue.
On ne peut manquer de s’en étonner, voire s’indigner et s’en inquiéter, dans ce contexte de haute tension politique et de crise aigüe dans un «pays frère» (africain).
Comment et pourquoi cette déclaration, insolite, à tous égards ?
Quel en est le sens, quelle opportunité et quelle portée ?
1- Le sens : cette déclaration se donne à lire et comprendre tantôt comme exigeant le départ, dans la dignité, du Président Mugabe, tantôt comme l’appelant à démissionner dans la dignité, tantôt comme l’invitant à quitter, dans la dignité, le pouvoir…»; alors même qu’à l’occasion d’une telle déclaration, le Président Ouattara garde un silence étonnant sur les vœux de pouvoir prolongé (jusqu’en 2025 voire 2035) émis par une certaine chefferie traditionnelle, nous abandonnant, ainsi, dans le flou, un flou artistique indu, alors qu’il aurait dû…
2- L’opportunité d’une telle déclaration interroge, quand on sait que diverses solutions étaient déjà envisagées et diverses démarches entreprises : d’abord par l’Union africaine, qui par la voix du Président en exercice, le Président de la République de Guinée, monsieur Alpha Condé, avait-déjà- proclamé, haut et fort, au nom de l’Union africaine, la nécessité d’une solution respectant la légalité constitutionnelle; ensuite par l’Etat voisin d’Afrique du Sud et enfin la Sadecc , cette organisation sous-régionale, dont est membre le Zimbabwe, à laquelle l’Union africaine s’était, finalement, abandonnée du soin de rechercher et trouver les solutions appropriées. Alors !
D’où vient la Côte d’Ivoire, cet Etat lointain, qui n’en finit pas de régler ses propres problèmes et qui peine, depuis des décennies, à se débarrasser de ses crises à répétition.
Pourquoi le Président de la République de Côte d’Ivoire, dans tout ce mouvement diplomatique, a pu, de son propre et seul chef, produire une telle déclaration qui prend l’allure d’une provocation et le ton d’un donneur de leçon, qui, loin de tendre à éteindre le feu, risque, au contraire, de l’attiser.
Tous les Etats africains (Chefs d’Etat africains ) doivent-ils, peuvent-ils s’autoriser à se fendre de telles déclarations ?
Bien évidemment, non ! Et pourquoi le Président de la République de Côte d’Ivoire s’octroie-t-il, ici, comme un monopole ? En quelle qualité (personnelle ou officielle) ? Aucune !
«Un chef –d’Etat- ne parle pas comme ça» !
Tout comme la Côte d’Ivoire, ne peut, et tout légitimement, accepter de telles ingérences (par exemple à l’occasion des diverses crises qu’a connues le pays de 1999 à 2010), la Côte d’Ivoire, le Chef d’Etat de Côte d’Ivoire ne doit, de quelque manière, s’immiscer dans les affaires intérieures des autres Etats, ces Etats Africains hautement personnifiés, avec les Présidents ou pères fondateurs, à vie, le Père de la Nation en Côte d’Ivoire comme au Zimbabwe.
Le Président Alassane Ouattara se prévaut de sa qualité de démocrate, alors que nous connaissons, tous, l’histoire politique récente de la Côte d’Ivoire et le rôle joué par chacun.
«On se connaît, ici, en Côte d’Ivoire».
3- La portée d’une telle déclaration: son inopportunité établie, son contenu plus que discutable, une telle déclaration ne peut, loin s’en faut, ouvrir et faciliter la marche vers un règlement pacifique, et prioritairement national.
Il appartient, en tout premier lieu, à titre exclusif ou essentiel, à chaque peuple, à chaque Etat, ici l’Etat-le peuple- de Zimbabwe de régler, souverainement, ses problèmes, hors l’immixtion des Etats étrangers, quels qu’ils soient.
A chaque peuple, à chaque Etat, son droit inaliénable de…, sur la base du principe fondamental de la souveraineté de chaque Etat et de l’égalité souveraine de tous les Etats.
Oui au devoir de solidarité (africaine) !
Non au «Droit d’ingérence» !
Attention ! Attention !
Respecter les autres, c’est se respecter soi-même et se faire respecter.
Respecter les autres Etats, c’est respecter et faire respecter son propre Etat.
Fait à Abidjan, le 20 novembre 2017
Pour le PIT
Le Président Ahizi Aka Daniel
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