Les acteurs de la filière banane viennent de signer une Charte de fonctionnement d’un Groupe de travail paritaire, chargé de négocier sous deux ans un accord de branche.
Le nouvel accord de branche pour la filière banane marque une avancée majeure en faveur d’un dialogue social renforcé entre les travailleurs et les employeurs. En outre, une déclaration d’intention pose les bases d’un cadre de coopération autour des enjeux du secteur : « salaire décent, prix décent, conditions de travail et de vie décentes ».
Une étude du Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES), présentée aux partenaires sociaux de la banane, à des ateliers en février 2024, met en évidence que les salaires des débutants dans le secteur varient de 101 000 F CFA à 161 000 F CFA.
Cette rémunération inclut les avantages en nature, soit entre 2,8 et 4,5 fois le niveau du Salaire minimum agricole garanti (SMAG), plaçant de fait la filière bananière parmi les mieux rémunérées du secteur agricole en Côte d’Ivoire?.
Le régime salarial montre que les travailleurs de la filière bananière, en Côte d’Ivoire, bénéficient de salaires bien au-dessus du SMAG, actuellement fixé à 36 000 F CFA et même du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), actuellement à 75 000 F CFA.
L’Organisation internationale du travail (OIT) définit le travail décent comme un ensemble de conditions qui garantissent la liberté, l’équité, la sécurité et la dignité pour tous les travailleurs. Cela inclut la sécurité de l’emploi, les droits des travailleurs, l’égalité des genres et l’amélioration des conditions de vie.
La filière ivoirienne de la banane s’illustre par son respect scrupuleux des normes internationales et s’est, entre autres, engagée depuis de nombreuses années à n’employer que des personnes pouvant justifier de leur majorité légale (et donc exclure tout risque de travail d’enfants) dans toutes ses plantations.
Les acteurs de la filière ont organisé du 24 au 26 septembre 2024, un moment déterminant avec un événement d’envergure sur les thèmes de la responsabilité partagée et du salaire décent. La session a permis d’engager une feuille de route en vue de l’institution d’une Convention des professionnels du secteur.
Cet événement a réuni notamment les acteurs de la chaîne de valeur, les travailleurs et les syndicats (représentés par FETBACI et l’UITA), les producteurs (représentés par l’OBAMCI et l’OCAB et les grandes sociétés productrices) et la grande distribution européenne (Lidl France et Tesco Royaume-Uni).
Cette initiative a eu lieu dans le contexte de l’adoption de la directive européenne sur le devoir de vigilance (CS3D) et la récente décision de l’OIT sur le salaire décent. Elle vise à transformer les obligations légales en opportunités de collaboration et de progrès pour l’ensemble du secteur.
M. Guy Serge Ekpo, directeur général de la Réglementation du travail, représentant M. Adama Kamara, ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, a réaffirmé le soutien du gouvernement aux initiatives en faveur du travail décent et du dialogue social dans le secteur agricole.
« Le salaire décent et le travail décent sont au cœur de nos priorités. Nous saluons le dialogue social exemplaire mené par la filière bananière ivoirienne, qui montre l’exemple pour d’autres secteurs », a assuré M. Guy Serge Ekpo.
Pour M. Rodrigue N’Guessan, directeur général du développement rural, au ministère d’Etat, ministère de l’Agriculture, cette action « s’inscrit dans la continuité des efforts du gouvernement ivoirien pour promouvoir une agriculture durable et socialement équitable. »
La signature de la Charte de fonctionnement et le lancement de la déclaration d’intention sont des étapes cruciales pour renforcer la compétitivité de la filière bananière, tout en préservant les droits des travailleurs, a-t-il déclaré.
Cet événement est une étape clé pour la filière ivoirienne de la banane, qui prouve une fois de plus qu’un modèle fondé sur le dialogue social et le respect des normes internationales est non seulement possible mais aussi bénéfique pour l’ensemble des acteurs.
Les résultats de ces initiatives ont été présentés à « Fruit Attraction », un forum des acteurs de la filière fruits et légumes, à Madrid, du 8 au 10 octobre 2024, afin de promouvoir une filière de la banane plus juste, durable et compétitive.
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