Le Système de supervision du trafic des télécommunications (TTMS) mis au point par Global Voice Group (fournisseur de solutions informatiques de gouvernance fiscale et télécoms), opéré conjointement avec l’autorité de régulation des communications de Tanzanie depuis 2013, est désormais pleinement exploité par cette dernière. Retour sur ses acquis.
Alors que le cap des cinq premières années de fonctionnement du TTMS a été atteint fin 2018, son bilan d’étape est très prometteur. Fin 2013, au moment de son lancement en Tanzanie, ce dispositif avait été qualifié de « non seulement une révolution, mais également l’un des plus grands succès du secteur de la communication du pays ». De fait, il a permis à la Tanzanian Communication Regulatory Authority (TCRA) de se distinguer en devenant le premier régulateur au monde à recourir aux technologies de l’information pour superviser les revenus de l’industrie des télécoms.
À l’époque, il ambitionnait de permettre à 28% des recettes des télécommunications internationales d’être versées à l’Etat, permettant au pays d’engranger jusqu’à 20 milliards de shillings tanzaniens (8,6 millions de dollars) par an. Cinq ans après, le compte est bon : entre octobre 2013 et septembre 2018, 93 milliards de shillings tanzaniens (environ 40 millions de dollars) ont été collectés grâce à la supervision des appels internationaux entrants. La TCRA bénéficie par ailleurs de la nette amélioration de la gouvernance d’un secteur essentiel au développement socio-économique du pays.
Quatre leviers d’action
Ces résultats ont été permis grâce au déploiement en deux temps du TTMS. En octobre 2013, le Système de supervision de l’interconnexion (ISM) a d’abord été lancé. Cette plateforme de collecte et de traitement de métadonnées télécoms en temps réel pour la facturation et la surveillance règlementaire du trafic national et international permet une facturation précise et transparente de la surtaxe sur les appels internationaux entrants. Dès son lancement, le TTMS a aussi intégré Telecom, une plateforme automatisée permettant de détecter les lignes frauduleuses qui contournent les portails internationaux autorisés.
En 2015, le système a été complété par une plateforme de collecte et de traitement de données des services d’argent mobile (M3) permettant au régulateur de superviser les revenus générés par les opérateurs via les transactions mobiles. Ces données sont partagées avec l’autorité de régulation et la Banque centrale. Le système permet une régulation stricte du marché des services d’argent mobile – l’un des plus développés du continent avec des transactions qui représentent plus de 50% du PNB de la Tanzanie – et garantit la conformité aux lois et règlementations du pays. Une plateforme centralisée dédiée au suivi et à la lutte contre les équipements frauduleux est venue compléter l’ensemble.
Des bénéfices partagés
L’État est loin d’être le seul bénéficiaire de cette initiative, qui a aussi profité aux opérateurs locaux, leur commission par minute étant passée de 0,08 à 0,13 centime dans l’intervalle. Pour les consommateurs, le monitoring du trafic télécoms a grandement contribué à améliorer la qualité de service sur les appels internationaux, les appels empruntant les lignes frauduleuses étant de mauvaise qualité en raison des méthodes de compression VoIP.
En outre, grâce à la sécurisation des transactions d’argent mobile, le TTMS a contribué au développement de petites entreprises, notamment au bénéfice des femmes à qui il a permis de passer d’une agriculture de subsistance à la création de microentreprises ou à la vente de produits. Autant de perspectives prometteuses pour le Ghana, qui a lancé à l’automne 2018 un système similaire avec la Plateforme commune de supervision, opérée conjointement par Kelni GVG, l’Autorité nationale de la communication et le Fisc ghanéen.
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