Le Brésil est sous le choc depuis la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant l'agression d'une adolescente de 16 ans, droguée et violée la semaine dernière par une trentaine d'hommes.
"L’extrême violence à laquelle nous avons affaire a choqué tout le monde. Même la police". Fernando Veloso, directeur de la police civile de Rio de Janeiro, a résumé en une phrase le choc dans lequel le Brésil est plongé depuis le viol collectif d'une adolescente, il y a une dizaine de jours. Alors qu’elle devait rejoindre son petit ami dans une favela à l’ouest de Rio, une jeune femme de 16 ans a été kidnappée, droguée, violentée et violée par une horde d’une trentaine d’hommes, 33 exactement, selon les déclarations de l’adolescente à la police
Samedi 28 mai, 70 policiers ont mené une opération dans la favela de Sao José Operario, dans l'ouest de la ville, où le crime se serait produit le 21 mai. Un suspect y a été arrêté et interrogé avant d'être relâché faute de preuves, comme deux autres jeunes la veille. La police n'a pas fait état d'autres arrestations pour l'heure mais a déclaré dimanche avoir "identifié" quatre personnes qui ont participé au viol "directement ou indirectement".
Comble de l’horreur, le viol a été filmé et une vidéo a été postée le 25 mai sur les réseaux sociaux sur le compte d’un certain @michelbrazil7, fermé depuis, accompagné du message : "Ils ont ravagé la fille, vous voyez ce qu'on veut dire ou pas ? Ha ha ha".. On y voit l’adolescente allongée sur un lit, manifestement inconsciente, les parties intimes exposées et saignantes. "Elle a été engrossée par plus de trente !", dit une voix masculine. "T'as compris ou pas ? Plus de trente !", ajoute-t-il en riant. La vidéo a été retweetée au moins 198 fois et reçu plus de 500 "likes" avant d'être retirée jeudi du réseau.
Michel Temer a convoqué mardi 31 mai une réunion des responsables de la sécurité des États du Brésil et promis la création d'un département de police fédérale spécialisé dans la répression des violences faites aux femmes. Le viol de cette jeune fille est en effet loin d'être un événement isolé.
Selon l’annuaire brésilien de sécurité publique, 47 646 viols ont été recensés en 2014, soit un toutes les 11 minutes. Une statistique qui fait froid dans le dos et qui est pourtant probablement bien en dessous de la réalité. Selon l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA), seuls 10 % des cas de viols seraient notifiés à la police. L’Institut estime ainsi que 527 000 personnes sont violées chaque année au Brésil, dont 89 % de femmes et 70 % d’enfants et d’adolescentes.
EN CHIFFRES : LE VIOL AU BRÉSIL
- 1 viol enregistré toutes les 11 minutes en 2014 par la police
- Seuls 10% des viols seraient dénoncés
- 527 000 personnes violées chaque année
(Source : Institut de recherche économique appliquée)
Face à ce que de nombreuses féministes dénoncent comme une "culture du viol", la police ne semble pas toujours bien formée. Le commissaire en charge de l’enquête à Rio de Janeiro a été remplacé dimanche à la demande de l’avocate de la victime, qui lui reproche d’avoir été "mysogyne" et "machiste" pendant l'interrogatoire de l'adolescente - par ailleurs présentée par la presse comme toxicomane et déjà mère d’un enfant de trois ans. Alessandro Thiers lui aurait demandé pendant l'interrogatoire "si elle avait l'habitude de participer à des orgies". Il avait déclaré vendredi à la presse enquêter pour "savoir si elle était consentante, si elle était droguée et si les faits s’ [étaient] réellement passés".
La diffusion sur Twitter de la vidéo a suscité choc et indignation au Brésil. Dilma Rousseff, présidente écartée au moins provisoirement du pouvoir, a exprimé son indignation face à cette "barbarie", appelant sur Twitter dès le 26 mai, à "combattre, dénoncer, et punir ce crime".
"C'est une folie qu'en plein XXIe siècle on soit confronté à des crimes barbares comme celui-là", a twitté le président du Brésil par intérim Michel Temer, deux jours après la diffusion de la vidéo, une réaction jugée trop tardive par beaucoup. Dès sa mise en ligne, la vidéo a déclenché une avalanche de commentaires et de réprobations, faisant émerger sur les réseaux sociaux le slogan "Je lutte pour la fin de la culture du viol" et le hastag #EstrupoNuncaMais(plus jamais de viol). De nombreuses manifestations ont également eu lieu dans plusieurs villes du Brésil pour dénoncer ce crime et plus généralement les violences faites aux femmes.
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