Un homme de 56 ans a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de sa fille avec laquelle il avait eu un fils.
Denis Mannechez, 56 ans, a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d’assises de l'Eure pour l'assassinat en 2014 de Virginie, 33 ans, sa fille et ex-compagne, et le meurtre d'un garagiste de 31 ans qui hébergeait la jeune femme.
Denis Mannechez a aussi été condamné pour détention d'armes sans autorisation.
"La peine ne surprend aucun des acteurs du procès, pas même l'accusé. C'est l'épilogue d'une tragédie", a estimé son avocat, Marc François, après l'énoncé de la décision de la cour. "Mon client est résigné et conscient de la nécessité de la sanction".
Denis Mannechez a déjà été condamné en appel en 2012 à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, pour des viols commis sur deux de ses filles dont Virginie. Leur mère avait été condamnée pour complicité.
"Deux ans de prison pour des viols qui ont duré dix ans, je n'ai jamais vu cela. Les bras m'en tombent. Il repart (alors) de la cour d'appel avec Virginie, sans même une interdiction de la fréquenter, c'est invraisemblable. La justice aurait dû trancher, avec son glaive, ce lien qui ne pouvait pas exister", a considéré lors du procès Me François, évoquant la précédente condamnation.
"Le meurtre de Virginie, c'est un assassinat"
Après sa sortie de prison fin 2013, Denis Mannechez a vécu en couple avec Virginie et l'enfant qu'ils ont eu ensemble, jusqu'à ce que, quelques semaines avant les faits, la jeune femme quitte le domicile et coupe toute relation avec son père. Il avait fini par retrouver sa piste chez le garagiste, l'employeur de sa fille.
"L'acharnement à la retrouver" mais aussi "sa décision de prendre l'arme chargée dans sa main, tout cela caractérise la préméditation. Le meurtre de Virginie, c'est un assassinat", avait estimé mardi, lors de ses réquisitions, l'avocat général Étienne Laguarigue de Survilliers après un peu plus de deux semaines de procès. Il avait requis la réclusion à perpétuité.
"M. Mannechez ne supporte pas que sa fille, son esclave, sa chose, ne soit plus sous sa coupe", avait ajouté le magistrat. "Aux racines du mal, il y a la maltraitance des enfants, les viols, les menaces, l'emprise qu'il exerçait sur eux", avait-il aussi dénoncé.
L'accusé va utiliser comme excuse de revoir le fils qu'il a eu avec sa fille pour se rendre sur le lieu du crime, à Gisors (Eure), affirmant vouloir le récupérer. Le jeune homme, aujourd'hui âgé de 16 ans, est partie civile, de même que les deux frères et les deux sœurs de Virginie Mannechez.
L'avocate du jeune garçon, Émilie Hilliard, a expliqué après le rendu de la décision que son client "est très content de ce verdict". "Cette décision était attendue. Les parties civiles sont soulagées", a-t-elle ajouté, espérant toutefois que Denis Mannechez tiendrait parole sur le fait de ne pas faire appel.
L'accusé avait tenté de se suicider
Une peine "adaptée" aussi selon un autre avocat des parties civiles, Benoit Varin.
Lundi l'accusé, qui a perdu l'usage de la parole à la suite d'une tentative de suicide le jour des faits, le 7 octobre 2014, a demandé, par la voix du président de la cour, pardon aux victimes. "Je vous présente mes excuses et mes profonds regrets", a-t-il fait dire.
Durant le procès il a répondu aux questions soit par un signe de la main soit avec une tablette tactile, les réponses s’affichant sur des écrans.
"Vous avez devant vous une moitié d'homme, quelqu'un qui n'a plus rien à attendre de la vie", a plaidé mardi Me François.
"Depuis sa naissance, Denis Mannechez a vu ses parents partir, ses beaux parents lui taper dessus, il a été placé en foyer (...) C'est la peur qui l'anime, qui se traduit par cette nécessité de contrôle qui est horrible pour les gens qui l'entourent. Mais il ne jouit pas de ça", a estimé son avocat.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article