Le trône saoudien a décidé de sévir à l'encontre des voix qui critiquent, depuis l'intérieur des frontières saoudiennes, la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar.
Le prédicateur saoudien de 61 ans au 14 millions d’abonnés Twitter – et 43 000 sur le compte anglais – a été arrêté ce 9 septembre, suscitant l’indignation dans la Péninsule arabique, mais laissant par ailleurs les médias occidentaux silencieux. Salman Al-Odah a été arrêté après avoir publiquement appelé à ce que cesse la crise diplomatique qui oppose le royaume saoudien à son voisin qatari, ente deux tweets sur le bonheur des moments en famille à l’occasion des fêtes religieuses. Le prédicateur, connu pour ses prises de position en faveur d’un accroissement des libertés démocratiques et humanistes, n’en est pas à sa première démêlée avec les autorités saoudiennes.
Opposant de longue date
Le prédicateur avait rejoint le mouvement dit de la Sahwa – le réveil islamique – dès les années 1990, s’opposant à la présence militaire américaine dans la Péninsule arabique. Il est emprisonné pour son militantisme de 1994 à 1999, en compagnie d’autres figures religieuses de la Sahwa.
Dès lors, Al-Odah est dans le viseur des relais religieux de la vision politique du royaume, notamment du célèbre et puissant Abdelaziz Ibn Baz. En 2011, Al-Odah ne cache pas sa sympathie pour les révolutions arabes. Lorsqu’il assume soutenir celle en cours au Bahreïn, menée en bonne partie par des manifestants chiites défiant un régime allié de Riyad, ses relations avec les autorités se tendent de nouveau. Le refroidissement des relations entre le trône saoudien et la famille régnante qatarie ne l’empêche pas de continuer à se montrer en compagnie de religieux proches des Frères musulmans et du Qatar.
Des dizaines d’autres cheikhs et prédicateurs auraient été arrêtés le même jour en Arabie Saoudite. Dans les milieux religieux, au-delà des divergences doctrinales, la rupture brusque des relations diplomatiques avec le Qatar et la décision d’embargo sur le pays a été accueilli avec scepticisme par les voix indépendantes du trône.
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