Saif ul-Malook, l'avocat pakistanais (musulman) d'Asia Bibi, à sa sortie de la Cour suprême d'Islamabad, le 8 octobre 2018.AAMIR QURESHI / AFP
En prison depuis près de dix ans, cette chrétienne accusée de blasphème est devenue le symbole d’une minorité opprimée dans ce pays, l’un des pires au monde en matière de tolérance religieuse. Les juges de la Cour suprême pourraient décider de son sort cette semaine. Mais cette instance est elle-même confrontée à la pression directe des fondamentalistes islamistes.
Le verdict devait être rendu par la Cour suprême pakistanaise ce lundi 8 octobre. Mais après trois heures de débat, trois juges sur les dix-sept ont demandé à ce qu'il soit différé. Dans la balance : l’acquittement ou la potence, la peine réservée aux blasphémateurs dans ce pays où l’islam est religion d’Etat et où la pression des fondamentalistes s’exerce jusqu’au sommet des institutions, en particulier judiciaires. Le juge en chef de cette cour, Saqib Nisar, a demandé aux médias de ne pas commenter cette décision. « Il n’y a plus de raisons que le jugement s’éternise désormais, il devrait être donné sous quelques jours », estime la journaliste Anne-Isabelle Tollet, qui a consacré deux livres à Asia Bibi*.
En attendant, les soutiens d’Asia Bibi ont bon espoir de la voir bientôt libre. « Avec les trois autres défenseurs d’Asia, nous avons souligné comment les preuves à charge étaient insuffisantes », a confié Saif ul-Malook, avocat de la jeune femme, à Aide à Église en détresse (AED), cité par Vatican News. « Je suis optimiste car la Cour suprême du Pakistan a pris des mesures il y a deux ans pour sanctionner les faux témoignages dans les cas de blasphème, souligne Anne-Isabelle Tollet, qui a également mis sur un pied un comité de soutien. Et puis l'affaire Asia Bibi a fait le tour du monde, la communauté internationale s'en est émue notamment sous l'impulsion de l'ONU, du Parlement européen via Rachida Dati, de la mairie de Paris grâce à Anne Hidalgo. Un verdict favorable prouverait que le Pakistan n'est pas soumis à la pression des fondamentalistes et enverrait ainsi un message d'ouverture au monde entier. »
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