Au Bahreïn, le chef d’un des principaux mouvements dissidents Cheikh Ali Salmane a été condamné ce dimanche 4 novembre en appel à la prison à perpétuité. Il est officiellement accusé d’« intelligence » avec le Qatar.
Cheikh Ali Salmane et deux autres membres du mouvement chiite Al-Wefaq ont été condamnés à la prison à perpétuité en appel, après avoir été acquittés une première fois en juin dernier. Qualifié de « parodie de justice » par Amnesty International, ce jugement peut encore faire l’objet d’un recours. Mais les opposants pourraient être définitivement écartés de la vie politique.
Officiellement, ils sont accusés d'avoir voulu « renverser l’ordre constitutionnel » en touchant de l’argent contre des informations données au Qatar, un pays boycotté par le pouvoir et accusé de soutenir le terrorisme.
« Jusque-là, les dirigeants chiites étaient condamnés pour subversion et complot au profit d'une puissance étrangère, en l'occurrence l'Iran. A ma connaissance, c'est la première fois qu'on voit apparaître dans le chef d'accusation l'état-major du Qatar. Cela paraît totalement irréaliste », remarque Jean-Paul Burdy, professeur à Sciences Po Grenoble et spécialiste du Moyen-Orient.
« Il s'agit de décapiter procès après procès l'ensemble du clergé chiite jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne pour représenter politiquement et spirituellement cette communauté chiite », poursuit Jean-Paul Burdy.
Poussé à l’exil en 1995, Cheikh Ali Salmane était rentré au Bahreïn en 2001 suite à une amnistie générale et alors que beaucoup espéraient une ouverture du régime. Mais depuis 2011 et le mouvement de contestation initié dans la foulée du « printemps arabe » écrasé dans le sang, le pouvoir se durcit.
Pour les opposants à la dynastie Khalifa au pouvoir, la situation est de plus en plus critique. Dans ce pays à majorité chiite dirigée par une monarchie sunnite, des centaines d’opposants sont emprisonnés, déchus de leur nationalité ou interdits de quitter le territoire.
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