En décidant d'imposer des droits de douane sur les métaux importés, le président des Etats-Unis risque de déclencher une guerre commerciale avec ses voisins et plus proches alliés.
Pour l'administration Trump, l'acier et l'aluminium européens menacent la sécurité nationale. C'est au nom de ce prétexte rarement employé que les Etats-Unis ont décidé d'imposer des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium. Le Mexique et le Canada, voisins et alliés très proches de Washington, sont également concernés. Depuis des mois, la Maison-Blanche espérait soutirer des concessions à ses partenaires commerciaux, et avait d'abord exempté ses partenaires de ces nouvelles taxes. Dans une déclaration citée par le «New York Times», la Maison-Blanche se félicite des «effets importants et positifs sur les salariés du secteur des métaux» et affirme que ces mesures de rétorsion «soulignent l'engagement [de l'administration] pour des négociations de bonne foi avec nos alliés pour améliorer notre sécurité nationale tout en soutenant les travailleurs américains».
Preuve de la volonté protectionniste de Donald Trump, le président des Etats-Unis a récemment réitéré ses menaces contre les voitures importées, ciblant notamment les constructeurs européens. Dans ce cas aussi, c'est l'argument de la sécurité nationale qui était invoqué, sans que l'administration soit réellement capable d'expliquer en quoi les berlines allemandes ou les 4x4 japonais menacent la sécurité de la première puissance mondiale.
La décision sur l'acier et l'aluminium a suscité une riposte immédiate. Emmanuel Macron estime que Donald Trump commet «une erreur» par une décision «illégale». Au téléphone jeudi soir, il a promis une ripose «ferme et proportionnée». «Nous ne pouvons comprendre, que nous, alliés des Etats-Unis, puissions être frappés par les tarifs américains», a réagi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. En Allemagne, Angela Merkel a déploré une «escalade qui nuira à tout le monde». «Les Etats-Unis ne nous laissent pas d'autre choix que de porter ce conflit devant l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et d'imposer des droits de douane supplémentaires à des produits en provenance des USA», a par ailleurs réagi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. «On peut aussi faire dans le stupide», avait dit Juncker en mars alors que la menace protectionniste était déjà brandie par Trump. Il avait alors évoqué des droits de douane sur les motos Harley Davidson, sur les jeans Levis et sur le bourbon.
Justin Trudeau dénonce un "affront"
Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a jugé les taxes «inacceptables». Elles sont «un affront au partenariat de sécurité existant de longue date entre le Canada et les Etats-Unis, et un affront aux milliers de Canadiens qui ont combattu et péri aux côtés de leurs frères d'armes canadiens».
Wilbur Ross, le secrétaire américain au Commerce, est un protectionniste fervent. Il a jugé que l'Union européenne n'avait pas suffisamment cédé. «Nous avons eu des discussions avec la Commission européenne et même si nous avons fait des progrès, ils ne sont pas allés jusqu'au point où il aurait été justifié, soit de prolonger l'exemption temporaire, soit d'accorder une exemption permanente», a-t-il justifié. L'argument de la sécurité nationale est parfaitement valable à ses yeux : «De notre point de vue, sans une économie forte, il n'est pas possible d'avoir une sécurité nationale forte», a-t-il assuré jeudi selon le «New York Times».
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