Un appel d'offres de 2,8 millions d’euros a été accordé à
trois spécialistes de la veille sur les réseaux sociaux, afin de mieux mesurer
le ressenti des Français sur les actions gouvernementales.
Ce sont des outils utilisés par de nombreuses grandes
marques pour suivre les tendances sur Twitter, Facebook et autres réseaux
sociaux, dont veut désormais profiter le gouvernement. A l’occasion d’un appel
d'offres publié en décembre 2020 et pourvu depuis le 26 mars, le Service
d’information du Gouvernement (SIG), qui dépend du Premier ministre, a proposé
un budget de 2,8 millions d’euros pour mieux surveiller la réputation de
l'exécutif sur le Web.
Un budget conséquent
Selon le document mis en ligne, le SIG a prévu un budget de
“social listening” (“écoute sociale”), consistant à mesurer quantitativement et
qualitativement les réactions des internautes français aux différentes actions
gouvernementales.
« L'accord cadre
a pour objet la fourniture d'outils de social listening et de mesure d'impact
sur les réseaux sociaux pour permettre au Gouvernement de détecter, analyser et
mesurer les préoccupations et attentes des internautes vis-à-vis de son action
et particulier et de l'actualité en général. Il s'agit d'un marché passé sous
le mandat de la Direction des Achats de l'Etat (DAE) pour les besoins de
l'ensemble des ministères » détaille la fiche du Bulletin officiel des
annonces de marchés publics (BOAMP), mise en ligne ce 14 avril.
Pour rappel, le SIG a trois objectifs: analyser l’opinion
publique et le traitement médiatique de la politique gouvernementale, relayer
les actions de cette politique auprès du grand public et piloter la
communication gouvernementale. Le SIG dispose d’un budget total de 14,2
millions d’euros pour l’année 2021. Cet accord constitue donc un investissement
conséquent, qui concerne près de 20% de cette enveloppe. L'accord étant conclu
sur douze mois (reconductibles trois fois), la première échéance interviendra
en avril 2022, soit quelques jours avant l'élection présidentielle.
« Le fait de
faire de la veille sur les réseaux sociaux n'est pas nouveau. Nous avons déjà
travaillé avec ces partenaires. L'augmentation des budgets de ce type va avec
l'époque et l'importance croissante prise par ces plateformes »
relativise une source gouvernementale auprès de BFMTV.
Trois entreprises désignées
Trois entreprises ont été sélectionnées. Le principal budget
a été obtenu par le spécialiste français Visibrain, pour un total d’1,7 million
d’euros, pour une « mesure d'impact
des contenus publics accessibles en ligne ».
Par ailleurs, 900 000 euros ont été alloués à l’entreprise
NewsWhip, basée en Irlande, pour effectuer de la « veille en temps réel des espaces d’expression en ligne ».
Enfin, 220.000 euros ont été alloués à Talkwalker, un de ses concurrents basé
au Luxembourg, à des fins de « mesure
d'audience et d'influence des producteurs de contenus en ligne ».
L’entreprise compte notamment Orange, Accor ou Spotifyparmi ses clients.
« Talkwalker
Analytics permet d’écouter et d’analyser en profondeur les discussions autour
d’une marque ou de n’importe quel sujet sur plus de 150 millions de sites web
et une dizaine de réseaux sociaux. Ces analyses permettent aux utilisateurs
d’évaluer leur e-réputation, de mesurer la performance de leurs campagnes, et
de mieux promouvoir leur marque » explique notamment l’entreprise sur
son site.
Nicolas Dupont Aignan
s’insurge
Ces trois contrats ont vivement fait réagir Nicolas Dupont
Aignan, président de Debout la France et candidat à la présidentielle de 2022,
dans une vidéo Facebook vue plus de 180.000 fois. Soit l’une des trois vidéos
les plus vues de la plateforme au cours des dernières 24 heures.
« Le gouvernement
français met en place, un an avant l’élection présidentielle, un système de
surveillance généralisée des réseaux sociaux avec l’argent du contribuable. Il
s’agit d’avoir une toile qui permet d’encadrer à terme, de fermer, de
surveiller, de ralentir la progression de la liberté » assure Nicolas
Dupont Aignan.
Si ces outils visent en effet à mettre en place un système
de veille des réseaux sociaux, les contenus analysés sont uniquement des
contenus publics. Ces outils ne permettent en aucun cas d’accéder à des échanges
privés entre les internautes.
Par ailleurs, et contrairement à ce qui est suggéré par
Nicolas Dupont Aignan, les trois entreprises n’ont pas de lien avec les
services de modération de Facebook, Twitter et consorts. En aucun cas, elles ne
peuvent donc décider de la fermeture d’un compte et de la suppression d’un
contenu.
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