Grogne sociale en France, et avis de grève. Ce mardi 31 mai 2016 en soirée, trois syndicats appellent à la grève illimitée à la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). Mercredi, seuls six TGV sur dix, quatre Transiliens sur 10, et le tiers des Intercités circuleront, selon un communiqué de la SNCF.
Le secrétaire d'Etat aux Transports parle lui de 45 % des Intercités. Les appels à cesser le travail sont essentiellement liés à des revendications internes, même si la contestation contre la loi El Khomri reste en arrière-plan.
La CGT-Cheminots, Sud-Rail et l'Unsa, entendent bien peser dans les négociations sur la nouvelle organisation du temps de travail à la SNCF, entrées dans leur dernière ligne droite en interne. Un accord doit être trouvé d'ici lundi avec la direction à ce sujet. Des discussions sont également en cours avec le patronat de l'ensemble du secteur ferroviaire, pour une convention collective unique.
Sud-Rail craint notamment de perdre de la flexibilité, des jours de repos, avec un alignement des conditions de travail des cheminots sur les employés du privé. Un pas aurait été fait vers les syndicats ce week-end. Selon le document communiqué à deux organisations syndicales, il ne serait plus question d'assouplir la règle sur les repos hebdomadaires des conducteurs.
Grève reconductible à la SNCF, le ministre se veut rassurant
Mais les discussions du week-end n'ont complètement convaincu que la Confédération française démocratique du travail (CFDT), qui a levé son appel à la grève. Il faut dire que c'est vers les syndicats réformistes, que le gouvernement a tourné tous ses efforts. La CGT et Sud n'ont pas été reçus par le secrétaire d'Etat aux Transports, pour ces négociations de dernières minutes.
Reconductible, la mobilisation des cheminots qui démarre ce mardi à 19 h, soit quelques jours avant le début de l'Euro de football en France, est un « mouvement certes sérieux, mais qui ne sera pas de l’ampleur qu’on pouvait imaginer », a déclaré sur France Inter le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. De son côté, la CGT-Cheminots promet « une grosse mobilisation », car les revendications sont doubles pour les grévistes.
Le numéro un de la CGT ne demande pas le retrait de l'article 2
La Fédération des cheminots de la Confédération générale du travail (CGT), ainsi que Sud-Rail, sont en effet très mobilisés aussi contre la loi Travail de la ministre Myriam El Khomri. A ce sujet, François Hollande assure, dans une interview accordée au quotidien Sud-Ouest, que le texte ne sera pas retiré. La réforme du Code du travail, « une loi de progrès utile à notre pays » qui « assure de meilleures performances pour les entreprises et offre des droits nouveaux aux salariés », dit-il, « ne sera pas retirée ».
Mais sur l'article 2 de la loi, qui cristallise la contestation, la formulation du chef de l'Etat est un peu plus subtile. « La philosophie et les principes de l'article 2 seront maintenus », explique M. Hollande, alors que sur RTL, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a déclaréqu'il ne voulait pas « faire sauter » l'article 2, mais l'améliorer. « Aucun préalable pour retourner à la table des négociations », certifie-t-il.
Cependant, le fossé reste grand. L'article 2 consacre la primauté de l’accord d’entreprise sur la convention de branche pour tout ce qui concerne le temps de travail, y compris donc les heures supplémentaires, les congés payés, etc. « Cet article prévoit que l'accord d'entreprise, pour être valide, devra être approuvé par les syndicats qui représentent une majorité de salariés. C'est un verrou très sérieux ! », a expliqué à Ouest-France le président pour défendre sa loi, qui fait craindre aux opposants des reculs sociaux. L’inversion de la « hiérarchie des normes » est défavorable aux salariés les plus précaires et aux femmes, qui travaillent dans les petites entreprises dans lesquelles les organisations syndicales sont moins implantées, rétorquent les syndicats frondeurs.
D'autres blocages perdurent, Manuel Valls annule un voyage à l'étranger
A partir de jeudi, c’est à la Régie autonome des transports parisiens (RATP, transports en commun) que la CGT appelle également à la grève. Avec à nouveau deux motifs invoqués, à savoir une réouverture des négociations salariales annuelles, et le retrait de la réforme El Khomri. Concernant ce mouvement, « le rapport de force fait qu’il n’y aura pas de perturbations majeures » sur le réseau, a assuré M. Vidalies mardi matin.
En revanche, si la situation s’est améliorée concernant les carburants, en raison du déblocage de la quasi-totalité des dépôts pétroliers, des perturbations perdurent dans ce secteur. Sur les huit raffineries françaises, quatre restent à l’arrêt, et deux fonctionnent en débit réduit. A noter que le mouvement contre la loi Travail bloque désormais le centre de traitement des déchets d’Ile-de-France, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). L’appel a été lancé par la CGT régionale.
De son côté, « au regard des événements qui rythmeront le mois de juin », le Premier ministre Manuel Valls a décidé de reporter à l'automne son voyage officiel au Canada et à Saint-Pierre-et-Miquelon, prévu du 15 au 19 juin. Le déplacement du chef du gouvernement français, jeudi et vendredi en Grèce, est en revanche maintenu.
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