victime du Covid-19, voilà que le chauffeur de bus doit gérer une autre douloureuse nouvelle, financière cette fois.
Le 3 mai dernier, la famille, qui habite dans l'est du Val-d'Oise, a reçu la facture des frais d'hospitalisation de l'hôpital Saint-Louis (Xe arrondissement de Paris) pour les dix jours (du 17 au 27 avril) passés par le père en réanimation.
La note est salée : 7036,80 euros.
A régler d'ici au 23 mai.
Cela correspond aux habituels 20% de reste à charge, non pris en charge par la sécurité sociale (sur un total 35 184 euros). Le défunt n'ayant aucune mutuelle, les frais doivent être réglés par la famille. Impossible pour la veuve, ancienne femme de ménage de 70 ans, et ses 560 euros de retraite. Ni pour le fils, avec un salaire d'à peine 1800 euros.
L'inquiétude d'une seconde facture, plus lourde
«Je n'ai évidemment rien payé, et je ne paierai rien, s'exclame Laurent. Cela reviendrait à liquider toutes les économies de ma mère, celles de ma sœur et les miennes. Qu'est-ce qu'on pourrait faire ensuite, sans argent ? Mes parents n'ont pas bossé toute leur vie pour rien ! D'autant que j'attends encore une deuxième facture, qui va être deux ou trois fois plus importante…»
Cette autre facture correspond aux trois semaines, du 29 mars au 17 avril, passées par le père à la clinique Claude-Bernard d'Ermont.
«Le montant va être énorme, s'inquiète le chauffeur de bus. Je leur ai demandé pourquoi je n'avais encore rien reçu. Ils attendent simplement les prérogatives de l'Etat avant de me tout m'envoyer. J'espère que tout sera pris en charge, s'il a attrapé le Covid, c'est à cause de l'Etat !»
Attaquer l'Etat pour espérer une indemnisation
Persuadé d'être dans son bon droit, Laurent a pris contact avec un collectif d'avocats, à l'origine du recours en justice contre l'Etat, rassemblant déjà plus de 130 personnes malades ou ayants droit de morts du virus. Déposé au tribunal administratif, il vise à caractériser une faute de l'Etat dans la gestion de la crise.
«Cela pourrait ensuite ouvrir la voie à une indemnisation des victimes et de leurs préjudices directs, précise Maître Loris Palumbo, membre du collectif. Et donc au remboursement des frais d'hospitalisation, s'ils découlent d'un manque de vigilance ou d'une mauvaise communication du gouvernement.»
Une contamination pendant les élections ?
Laurent estime que le premier tour des élections municipales, le 15 mars dernier - auquel a participé l'ensemble de la famille - a été fatal. De premiers symptômes, absence de goût et d'odorat notamment, seraient apparus chez la mère et le fils «quelques jours après».
Un temps épargné, l'état du père s'aggrave subitement, fin mars. Le scanner, réalisé le 29 mars par la clinique Claude-Bernard, révèle que ses poumons sont infectés à 75%.
«Alors qu'il était en bonne santé jusque-là, il n'avait jamais eu de soucis. C'est à cause des élections, se persuade Laurent. S'il est allé voter, c'est parce que le président de la République l'a demandé! A l'époque, il nous disait même de continuer à vivre comme avant. A cause de leur manque de vigilance, mon père est mort du coronavirus. Et ils nous laisseraient payer les frais en plus? Que ce soit pour les personnes riches ou pauvres, l'Etat devrait aider tout le monde!»
Contactée, la direction de la sécurité sociale n'a pas répondu à nos sollicitations.
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