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Haïti: le recrutement pour la remobilisation de l’armée est lancé

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La semaine dernière, le ministère haïtien de la Défense a lancé une campagne de recrutement pour faire renaître l’armée. Cette mesure fait polémique, en partie parce que l’histoire militaire d'Haïti est jalonnée de coups d’Etat et de crimes. Mais surtout parce que l’armée n’a aucun état-major, aucun commandement, ni non plus de mandat clairement défini. Le ministère n’a pas pu ignorer ces critiques, émises notamment par d’anciens hauts gradés, mais à la base de Gressier, les jeunes candidats se présentent par centaines.

L’ambiance militaire s’impose immédiatement une fois la barrière de la base franchie. Dans la cour, les centaines d’aspirants soldats se doivent d’être bien alignés, et dans ces deux longues colonnes, on ne parle pas trop fort, on ne bouge pas, malgré le soleil de plomb. Le capitaine Louicin Dieudonné n’est pas surpris par l’affluence : « Comme il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas grand-chose à faire, ils ne peuvent pas être intégrés à l’université, donc c’est pour eux l’occasion de non seulement trouver du travail et de servir le pays. Normalement, dans cette première tranche nous allons avoir 500 inscrits. Alors pour 500 soldats retenus, il faut avoir au moins 1 000-1 500 parce qu’il y en aura d’autres qui seront disqualifiés en cours du chemin ».

Sur les qualités demandées aux jeunes recrues pour devenir soldat, le capitaine précise : « Tout d’abord, il faut que vous soyez en bonne santé. Après, il y a également un examen intellectuel. Pour pouvoir avoir un certain niveau pour intégrer la force armée. Et après, il reste un examen psychologique et puis l’examen physique. On voit si la personne peut tenir le coup. Et puis, après on a les résultats en attendant la formation militaire qui va débuter probablement en octobre ».

Haïti, un pays à tradition militaire

Après 18 ans d’existence, la police d’Haïti n’a toujours pas suffisamment de moyens tant humains que financiers, mais pour le capitaine, il n’y a pas à se poser la question de l’utilité de l’armée : « L’armée d’Haïti a créé notre pays. Donc, nous sommes un pays à tradition militaire, la population aime toujours son armée. Donc, au contraire, ils ont souffert pratiquement du fait que l’armée n’ait pas été prise pendant les 23 dernières années… »

De même, le capitaine Louicin Dieudonné ne pense pas que le fait que l’armée haïtienne se soit rendue coupable de crimes et de coups d’Etat explique ce désamour : « Certainement, mais je ne crois pas que ce soit ça. Ça arrive en Haïti, ça arrive en France et un peu partout dans le monde. Nous avons aussi les cas de l’Amérique latine et ceux qui faisaient partie de la Minustah, tous les pays. Nous avons eu le Chili, l’Argentine, le Brésil… Tous ces pays ont eu également des tentatives de coups d’Etat. Donc, c’est malheureux que ça arrive, mais ce sont des choses qui arrivent ». Pour lui, la prochaine armée ne sera pas de cet acabit : « Je ne peux pas promettre certaines choses, mais Alexis de Tocqueville disait que les problèmes militaires ce n’est pas dans l’armée qu’il faut les rechercher, c’est dans la société. Donc, si nous avons une société stable où les gens respectent la démocratie, respectent le renouvellement tous les cinq ans du gouvernement, nous n'aurons plus pas mal de problèmes, notamment des problèmes de coup d’Etat. Dans la formation que nous allons donner, on va essayer d’éviter que les jeunes se mêlent de la politique, parce que la politique détruit l’armée. Après vingt-trois ans, nous avons appris pas mal de choses – moi-même je faisais partie de la première armée, nous allons essayer d’éclaircir également notre armée ».

Patriotisme et désir de sécurité

C’est pour se trouver un avenir que les jeunes sont si nombreux à postuler… Et bien que le recrutement soit mixte, les filles se comptent sur les doigts de la main. Rood-Myline Louis, 22 ans, n’a pas hésité une seconde :  « Tout ce qu’un garçon peut faire, une fille peut le faire aussi. Ma mère et mon père savent depuis que je suis petite que je veux faire ça. En voyant des films à la télé, je leur disais que c’était l’armée que je voulais faire; Aucun de mes proches n’est contre parce que c’est une bonne chose pour moi. L’armée est utile. Il n’y en avait plus depuis 23 ans et on voit que la sécurité du pays a diminué. L’armée va pouvoir restaurer la sécurité comme avant ». Patriotisme, désir de sécurité et espoir d’avoir un métier, tous les jeunes qui s’alignent dans la cour de la base partagent ces mêmes motivations, sans penser à ceux dans le pays qui doutent de ce recrutement et le critiquent tant dans sa forme que dans son calendrier.

 

 
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