Il faudrait 1,7 fois la planète Terre pour absorber notre fonctionnement actuel. Ce jeudi 29 juillet, nous avons atteint le jour du dépassement, calculé chaque année par l'ONG Global Footprint Network. Cette date avait reculé l'an passé sous l'effet des confinements, mais elle revient cette année à son niveau d'avant la crise du Covid. Pour Jean-Loup Bertaux, "nous sommes trop nombreux" sur la planète et la surpopulation est le premier ennemi de l’écologie. Le planétologue et directeur de recherche émérite au CNRS était invité dans la matinale d’Europe 1, jeudi.
Un équilibre à "4,5 milliards d'habitants"
Chaque année le jour du dépassement avance : le 4 novembre en 1980, le 7 août en 2010 et enfin, le 29 juillet en 2021. Une tendance se dégage clairement : nous consommons beaucoup trop. Mais pour le planétologue, il est impossible de réduire cette surconsommation. "Allez dire aux gens qui ne consomment pas beaucoup dans les pays en développement qu'il faudrait consommer moins, ils vont vous rigoler au nez et légitimement, ils vont consommer plus. Les pays riches consomment beaucoup et ce sont des démocraties : aucun président ne serait élu en proposant de se serrer la ceinture", développe-t-il. Avant d’assurer : "La frugalité, je n'y crois donc pas beaucoup."
Jean-Loup Bertaux penche pour une autre solution : surveiller la surpopulation. Plus nous sommes d’humains sur Terre et plus les ressources s’amenuisent : "Aujourd'hui, nous sommes 7,9 milliards d'habitants et nous serions à l'équilibre si on était seulement 4,5 milliards d'habitants avec une consommation moyenne pareille", assure Jean-Loup Bertaux. Et cela s’aggrave. Chaque année, 84 millions de personnes supplémentaires peuplent la planète, "soit la population de la France ajoutée à celle des Pays-Bas", compare Jean-Loup Bertaux.
Et le planétologue va même plus loin. Pour Jean-Louis Bertaux, les efforts de réduction du CO2 engagés par plusieurs états dans le monde "pourraient être annihilés par la croissance de la population". "On avait gagné 0,5% par an dans la dernière décennie mais comme la population a augmenté de 1,1 % au total, la production totale de CO2 a augmenté de 0,6%", détaille-t-il.
Doit-on arrêter d'avoir des enfants ?
Biodiversité largement abîmée, extinction massive des espèces et pollution accrue… La surconsommation entraînée par la surpopulation fait des ravages. Mais alors faut-il vraiment faire des enfants ? Dans son ouvrage Démographie, climat, migrations : l'état d'urgence, Jean-Loup Bertaux fait le calcul. Il faudrait retomber à 40 millions de Français seulement pour atteindre l’équilibre écologique. Un tiers de moins qu’actuellement.
Ce phénomène est d’autant plus inquiétant sur le continent africain, en pleine crise démographique. En 2017, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CDAO) a donc signé la Charte de Ouagadougou. Elle fixe un objectif de moins de trois enfants par femmes d’ici à 2030. En ce qui concerne la Chine, qui a mis fin à la politique de l’enfant unique, Jean-Loup Bertaux est plus confiant. "Les gens ont pris l'habitude d'une vie confortable. Ils se sont aperçus qu’ils vivent mieux s'ils ont moins d'enfants. Et donc, je ne pense pas que la démographie va repartir à la hausse", conclut-il.
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