Le typhon Lionrock a provoqué des inondations catastrophiques en Corée du Nord. Selon un bilan publié par l'ONU, 133 personnes auraient été tuées et 395 autres seraient portées disparues, au nord-est du pays, dans la zone frontalière avec la Chine. Mais comme toujours, très peu d'infos ont été communiquées par les autorités de Pyongyang, et l’accès des agences humanitaires aux zones sinistrées est très contrôlé.
De notre correspondant,
Les chiffres sont fournis par les autorités nord-coréennes, et sont relayés par le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. Ils font état de 133 morts, de 395 disparus et de 107 000 personnes déplacées. Le régime parle aussi de « dizaines de milliers de maisons effondrées, et de chemins de fer, routes, réseaux électriques, usines, et fermes détruits ou submergés ».
En Corée du Nord, en raison des pénuries alimentaires chroniques, les agriculteurs cultivent les flancs des montagnes et les collines jusqu’à leur sommet. Cette déforestation provoque des glissements de terrains et des inondations en cas de fortes pluies. 16 000 hectares de terres agricoles auraient ainsi été inondés. L’ONU estime que 140 000 Nord-Coréens ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.
Des chiffres peu fiables
Des agences de l’ONU, des ONG internationales et la Croix Rouge ont pu se rendre sur place pendant trois jours mais ce sont des visites étroitement contrôlées. Les deux zones les plus affectées, Musan et Yonsa, restent interdites d’accès par les autorités. Il y a deux possibilités : soit le régime qui manque de devises et qui a besoin d'aide internationale exagère l’étendue des dégâts pour convaincre les bailleurs de fonds qui sont de plus en plus réticents. Soit au contraire il l’amoindrit, pour ne pas donner l'image d'un pays incapable de protéger sa population. Le Daily NK, un site internet sud-coréen qui possède un réseau d’informateurs au Nord, considère ainsi que le bilan humain est sans doute beaucoup plus grave qu’annoncé. Le site affirme aussi que les populations sinistrées n’ont aucun équipement pour faire face à la crise. Les images satellites montrent en tout cas clairement que les infrastructures sont très endommagées.
Quid des nouvelles sanctions contre la Corée du Nord ?
La Corée du Nord fait l’objet de sanctions internationales qui seront sans doute renforcées après l’essai nucléaire réussi de vendredi 9 septembre. Depuis le début de l’année, le prix des denrées alimentaires sur les marchés reste stable, signe que les nouvelles sanctions n’ont pas eu d’effet immédiat sur l’accès à la nourriture de la population. En théorie, l’aide humanitaire est exclue des sanctions décidées par l’ONU ou les Etats-Unis. Mais en pratique, c’est plus compliqué : les banques refusent par exemple toute transaction avec la Corée du Nord, et les organisations internationales qui ont un bureau à Pyongyang ont beaucoup de mal à transférer les devises nécessaires à leur fonctionnement.
Les Nords-Coréens, premières victimes d'un pays fermé
Certains fournisseurs de matériel humanitaire hésitent à envoyer des produits au Nord, de peur d’être sanctionnés. Les bailleurs de fonds, eux, ne se pressent pas pour aider un pays qui consacre ses maigres ressources à son programme nucléaire et balistique plutôt qu’à sa population. Pourtant, inondations ou pas, un grand nombre de Nord-Coréens continue de souffrir de malnutrition chronique. Les hôpitaux au Nord sont en ruines. Tout le défi est de parvenir à distribuer directement cette aide humanitaire à la population.
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