La capitale sera la première ville du monde à proposer ce nouveau transport aérien idéal pour gagner du temps.
Aérodrome de Pontoise jeudi matin. Un engin mi-soucoupe volante mi-hélicoptère trône au milieu des pistes. Le temps qu’un pilote s’installe aux commandes et ce taxi volant électrique de deux places décolle à la verticale pour faire un vol d’une dizaine de minutes.
Le Volocity de la start-up allemande Volocopter est en phase de test. Mais, dans moins de deux ans, il devrait avoir la certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (Easa), indispensable pour accueillir des passagers à bord.
Son entrée en exploitation est prévue au moment des Jeux olympiques 2024 à Paris. Quelques mois avant Singapour ou Rome, la Ville Lumière sera donc la première au monde à transporter des personnes dans ces appareils tout droit sortis du Cinquième Élément.
«À Paris, nous exploiterons trois lignes avec dix taxis volants: Roissy-Le Bourget, Le Bourget-Austerlitz et Issy-les-Moulineaux-Saint-Cyr-l’École», souligne Jean-Christophe Drai, directeur commercial de Volocopter France.
Imaginez un automobiliste bloqué dans un bouchon sur l’A15 entre Paris et Pontoise et qui est pris par un malaise cardiaque. Des secours d’urgences pourraient utiliser ce type d’aéronef
L’avantage pour les passagers: faire Le Bourget-Paris en dix-sept minutes contre une heure en voiture. Cela, dans un véhicule quatre fois moins bruyant qu’un hélicoptère grâce à son moteur électrique. Au lancement, les courses devraient coûter très cher (près de 200 euros).
«À terme, l’objectif est de s’aligner sur les prix pratiqués par Uber», détaille Jean-Christophe Drai.
Les usages seront diversifiés: transporter des voyageurs d’affaires, mais aussi effectuer des vols sanitaires avec des organes humains destinés à être greffés ou des personnes victimes d’accidents graves.
«Imaginez un automobiliste bloqué dans un bouchon sur l’A15 entre Paris et Pontoise et qui est pris par un malaise cardiaque. Des secours d’urgences pourraient utiliser ce type d’aéronef», illustre Augustin de Romanet, PDG d’ADP qui gère des aéroports comme Roissy et Le Bourget mais aussi l’aérodrome de Pontoise où Volocopter fait ses tests.
La RATP y croit
Si le gestionnaire d’aéroports s’intéresse au sujet, c’est qu’il croit à ce nouveau mode de transport aérien. À terme, il pourrait percevoir des redevances aéroportuaires de ces opérateurs de taxis volants comme il le fait avec les compagnies aériennes.
Pour accélérer le mouvement, il a investi quelques millions d’euros dans Skyports qui construit les vertiports en ville où les passagers embarqueront et débarqueront de ces taxis volants. Le premier de ces modules a été dévoilé jeudi à l’aérodrome de Pontoise.
La RATP est aussi de l’aventure. C’est elle qui a identifié l’endroit où le vertiport s’installera à Paris: à Austerlitz, sur une barge à côté de la Cité de la mode. «Aujourd’hui, Volocopter fabrique ces taxis volants et les exploite.
Mais, à terme, il pourrait se concentrer sur la fabrication. Nous nous positionnerions alors sur l’exploitation du service», avance Pierre Becquart, directeur de la mobilité urbaine aérienne à la Régie.
Encore faudra-t-il que ce service rencontre un succès commercial et qu’il ait un modèle économique. En 2024, Volocopter espère transporter quelques milliers de voyageurs avant d’ouvrir d’autres lignes.
«Nous sommes comme Tesla à ses débuts: nous ne faisons pas de chiffre d’affaires. Mais voyez où il en est aujourd’hui», s’enthousiasme Christian Bauer, directeur financier de Volocopter qui a levé 600 millions de dollars. Le succès est d’autant moins garanti que beaucoup d’autres - Airbus, la start-up française Ascendance Flight, l’américain Joby Aviation… - arriveront peu après sur ce créneau.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article