Javier Valdez a été abattu lundi dans l'Etat du Sinaloa, après des années passées à dénoncer la corruption et la violence qui découle du trafic de drogue. Cinq reporters ont été assassinés par les cartels depuis le début de l'année.
«Etre journaliste au Mexique, c’est un peu comme être sur une liste noire», avait l’habitude de dire Javier Valdez. Ce reporter mexicain, connu pour ses enquêtes et ses livres sur le narcotrafic, a été assassiné lundi à Culiacán, capitale de l’Etat du Sinaloa (nord du Mexique). Victime de la situation qu’il dénonçait, soit l’extrême vulnérabilité d’une profession située en première ligne d’un conflit sanglant qui met aux prises cartels et autorités, ce reporter de renom est le cinquième de la triste série de journalistes assassinés au Mexique depuis le début de l’année.
Javier Valdez a été abattu par des hommes armés en pleine journée, alors qu’il venait de quitter la rédaction de l’hebdomadaire Riodoce, dont il était le fondateur, et qui était devenu, en quatorze ans d’existence, une référence en matière de journalisme d’investigation sur les cartels. Admiré pour ses chroniques sur la violence et la narcoculture dans le Sinaloa, signées sous son mythique pseudonyme de Malayerba («mauvaise herbe»), Valdez était aussi le correspondant local du grand quotidien national La Jornada et collaborateur occasionnel de l’AFP.
«Te van a matar»
Infatigable pourfendeur de la corruption et de la collusion qui régnait entre les autorités et les groupes criminels dans le Sinaloa, fief des grands barons mexicains de la drogue, Valdez s’était récemment gardé de répondre aux journalistes qui sollicitaient constamment ses analyses. «Pour des raisons de sécurité, je ne peux pas te répondre, la situation est devenue terrible», avait-il écrit à une reporter de El País, comme le rapporte l’édition mexicaine du quotidien. Elle l’avait consulté au sujet de la réorganisation au sein du cartel de Sinaloa, suite à l’arrestation début mai de Dámaso López, dit «El Licenciado», l’un des successeurs de El Chapo à la tête de cette organisation. Le thème des agressions envers les journalistes était devenu omniprésent dans les écrits de Valdez. En témoigne son dernier livre, Narcojournalisme, publié en 2016, qui dresse le portrait des reporters entrés en résistance par le simple fait de refuser d’abandonner leur métier et décrit les liens tendus ou complices qui existent entre presse et cartels. L’une des dernières chroniques de Malayerba, datée du 27 mars, s’intitule «Te van a matar» («Ils vont te tuer») et relate l’histoire d’un journaliste menacé de mort pour avoir dénoncé «la police au service de la mafia».
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