Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche qu’il soutenait un projet de loi interdisant aux mosquées d’utiliser des haut-parleurs pour l’appel à la prière musulmane. Il a indiqué pour justifier ce geste que des restrictions similaires existaient en Europe, et même dans certains pays musulmans.
Les appels à la prière, traditionnellement diffusés par des minarets cinq fois par jour et souvent amplifiés par des haut-parleurs, sont une cible fréquente de la colère de la droite. Certains affirment qu’ils sont une nuisance sonore inutile qui résonne dans les villes et les quartiers juifs.
Les députés arabes ont attaqué le projet de loi, qu’ils estiment être un assaut raciste contre la liberté du culte musulman.
S’exprimant avant le vote du projet de loi en commission des lois, le Premier ministre a déclaré que les appels bruyants à la prière étaient une nuisance publique qui dépasse les différentes religions.
« Les musulmans, les juifs et les chrétiens souffrent tous de cela, a-t-il déclaré. Je ne peux pas vous dire combien de fois des gens sont venus me voir, venus de toute la société israélienne, déplorant la souffrance causée par le bruit excessif de l’annonce de la prière. »
Les efforts juridiques pour contrecarrer ces appels n’ont jamais réussi à rassembler un soutien important, et il n’a pas été précisé si le nouveau projet de loi trouverait plus de soutien. Le projet de loi, présenté par le député Moti Yogev de HaBayit HaYehudi, devait être voté par la commission en mars, mais avait été supprimé du programme quelques heures avant la réunion.
« Israël est un pays qui respecte la liberté de culte pour tous, a poursuivi Netanyahu. Israël s’engage à protéger quiconque souffre d’appels excessivement bruyants. C’est la norme dans de nombreuses villes européennes. C’est également la norme en divers endroits du monde musulman, où le volume des appels a été limité par égard pour la population. »
Les partisans du projet de loi affirment que la liberté de culte devrait passer après la qualité de vie dans ce cas.
Ayman Odeh, qui dirige la Liste arabe unie, a fustigé le projet de loi, parlant d’un « autre projet de loi, dans une série de projets de loi populistes, dont l’objectif est de créer une atmosphère de haine et d’incitation à la haine contre la population arabe. »
« Il y a des lois et des régulations sur le bruit qui s’appliquent aussi aux mosquées, il est donc évident que le seul objectif de ce projet de loi est d’identifier les mosquées comme la source du problème. C’est une attaque évidente contre la liberté du culte musulman, et la poursuite d’une vague de persécution que mène le Premier ministre. »
Hanin Zoabi, également députée très controversée de la Liste arabe unie, a suggéré que ceux qui étaient gênés par les appels à la prière pouvaient aller vivre ailleurs.
« Ceux qui souffrent des sons des muezzins sont spécifiquement ceux qui ont choisi de s’installer près des mosquées et (…) ils sont invités à partir s’ils souffrent tant, a-t-elle déclaré. Ce n’est pas l’Europe ici. Celui qui a le sentiment d’être en Europe, et pense que c’est l’Europe, devrait envisager d’y aller. »
Les députés du Likud Miki Zohar et Nurit Koren, de HaBayit HaYehudi Bezalel Smotrich et Shuli Muallem-Refaeli, et Merav Ben-Ari de Koulanou, ont également soutenu le projet de loi.
Le projet de loi a pour objectif d’empêcher les appels à la prière bruyants et d’interdire de « diffuser des messages religieux ou nationalistes, ou même des paroles d’incitation » à la haine, et cherche à interdire des haut-parleurs de tous les établissements religieux du pays, et pas uniquement des mosquées.
« Des centaines de milliers de citoyens israéliens, en Galilée, dans le Néguev, à Jérusalem, à Tel Aviv – Jaffa et ailleurs dans le centre d’Israël, souffrent régulièrement et quotidiennement du bruit causé par les appels des muezzins », est-il écrit dans le projet de loi.
« Le bruit fait par ces appels publics perturbe le repos des citoyens plusieurs fois par jour, notamment tôt le matin et pendant la nuit », poursuit-il.
Environ 20 % de la population israélienne est arabe, en majorité musulmane, ce qui fait des appels à la prière un son familier dans de nombreuses parties du pays.
Le sujet des haut-parleurs des muezzins est une source de friction dans les zones où juifs et arabes vivent dans des quartiers proches. En 2014, le parti Yisrael Beytenu avait relancé une proposition d’interdiction des amplifications électroniques des appels à la prière.
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