La Cour suprême du Pakistan s'est penchée lundi sur un recours déposé par Asia Bibi, une chrétienne actuellement dans le couloir de la mort après une condamnation pour blasphème, mais a différé son jugement.
"Nous réservons le jugement pour le moment", a déclaré le juge Saqib Nisar à l'issue d'une audience de près de trois heures dans la capitale Islamabad. On ignore dans l'immédiat quand il pourrait être rendu.
Asia Bibi, mère de cinq enfants, avait été condamnée en 2010 à la peine capitale suite à une dispute avec une musulmane au sujet d'un verre d'eau, une première sous cette loi très controversée, suscitant l'indignation à l'étranger.
Si la Cour suprême devait valider la sentence, Asia Bibi, qui a toujours nié les accusations, pourrait en dernier recours solliciter la grâce du président pakistanais, Arif Alvi.
En 2016, une précédente audition de l'affaire Bibi devant l'instance judiciaire la plus élevée au Pakistan avait été annulée suite au désistement au dernier moment de l'un des trois magistrats appelés à se prononcer.
Son cas avait eu un retentissement international, attirant l'attention des papes Benoît XVI et François. En 2015, l'une des filles d'Asia Bibi avait rencontré le pape François.
Elle a également reçu le soutien de la maire de Paris Anne Hidalgo, qui a réclamé sa grâce et l'avait élevée en 2015 au rang de citoyenne d'honneur de sa ville.
Au Pakistan, l'histoire de cette chrétienne d'origine modeste divise fortement l'opinion. Les tenants de la ligne dure exigent régulièrement son exécution.
Un ancien gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, qui avait pris sa défense, a été abattu en plein coeur d'Islamabad en 2011 par son garde du corps. L'assassin, Mumtaz Qadri, a été pendu début 2016. La décision, saluée par les libéraux, a poussé les conservateurs à manifester en exigeant que Mme Bibi soit à son tour exécutée.
- Imran Khan favorable à la loi -
Les défenseurs des droits de l'homme voient en Mme Bibi un emblème des dérives de la loi réprimant le blasphème au Pakistan, souvent instrumentalisée, selon ses détracteurs, pour régler des conflits personnels.
Le blasphème est un sujet extrêmement sensible dans ce pays conservateur où l'islam est religion d'Etat. La loi prévoit jusqu'à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'offense à l'islam. De simples allégations se terminent régulièrement par des lynchages aux mains de la foule ou d'extrémistes. Les chrétiens, minorité persécutée, sont fréquemment visés.
AFP
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