Google a annoncé son retrait de l'appel d'offre du Pentagone pour créer un cloud afin d'héberger les données de l'armée américaine. Un contrat de 10 milliards de dollars sur 10 ans qu'Amazon pourrait bien remporter.
5% des salariés peuvent-ils peser sur les choix stratégiques et commerciaux du groupe qui les emploie? C’est ce qui vient de se passer pour Google qui a décidé de se retirer d’un contrat 10 milliards de dollars sur 10 ans pour fournir un Cloud au Pentagone. La raison donnée est éthique. "Nous ne soumettons pas de propositions pour le contrat JEDI [Joint Enterprise Defense Infrastructure, NDLR] d'abord parce que nous ne pouvions pas être assurés qu'il serait conforme à nos principes dans l'intelligence artificielle", a expliqué un porte-parole à Bloomberg.
En renonçant au contrat Jedi, qui représente 10% du chiffre d’affaires d’Alphabet, sa maison-mère, Google laisse Microsoft, Amazon et Oracle dans la course. Le Pentagone annoncera le 12 octobre à qui elle compte confier le contrat. L’affaire n’est pas simple. Amazon est considéré comme le favori mais comme le signale Bloomberg, IBM, Oracle et Microsoft dénoncent le risque de donner un projet si stratégique à un prestataire unique.
Ne pas écorner la culture "ouverte et altruiste" de Google
L’affaire a commencé avec l’arrêt chez Google du Projet Maven qui consistait à fournir à l’armée une intelligence artificielle pour des drones de reconnaissance. En mai dernier, une pétition adressée à Sundar Pichai a été signée par 4000 salariés sur les 80.000 qui travaillent pour Google. Une douzaine de cadres ont même démissionné. Mais cette faible contestation a provoqué un buzz mondial qui écornait la culture "ouverte et altruiste" de Google. En juin, le patron de Google annonçait l’arrêt de Maven.
Ce n’est pas le seul événement qui a entaché l’image "altruiste" du groupe californien. En août dernier, un millier de salariés ont écrit à Sundar Pichai pour qu’il renonce au projet DragonFly qui consiste à créer un moteur de recherche pour la Chine en prenant en compte les exigences du gouvernement en matière de censure.
Mais cette fois, malgré les critiques internes, Google ne cède pas. Même si en 2010, Sergey Brin (cofondateur de Google) expliquait, comme l’ont rappelé les salariés dans leur lettre, que "la censure et la surveillance des dissidents constituaient des marqueurs du totalitarisme". Sundar Pichai tente d'éteindre l'incendie. Il a d'abord précisé que DragonFly n’était pas finalisé, mais que pour remplir "sérieusement sa mission", Google se devait de "réfléchir à comment faire plus en Chine".
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