Il y a les promesses des candidats. Il y a les effets de leurs promesses et les conséquences économiques et financières à prévoir. L'élection présidentielle aux États-Unis est importante.
Les Américains, qui ont assisté à un spectacle flamboyant et cacophonique depuis des mois, déplorable diront certains, n'ont pas eu droit à de très larges et très substantielles explications sur les propositions de Hillary Clinton et de Donald Trump.
Alors, voici donc 10 choses à savoir sur ce qui est en jeu.
1- Le risque financier, économique et commercial est plus grand avec Donald Trump qu'avec Hillary Clinton. Les baisses d'impôts que le candidat républicain propose, les barrières tarifaires et non tarifaires, les restrictions sur l'immigration, les fortes dépenses dans la Défense plongeraient les finances publiques américaines dans un rouge assez vif selon les économistes.
Sur 10 ans, le manque à gagner budgétaire sous Donald Trump serait de 5300 milliards de dollars alors qu'il serait de 200 milliards sous Hillary Clinton, qui veut, elle, taxer davantage les mieux nantis. La publication économique la plus importante du monde, The Economist, invite les Américains à voter pour Hillary Clinton, affirmant que ses propositions s'inscrivent essentiellement dans la continuité des politiques de Barack Obama.
2- La dette américaine s'élève actuellement à 19 500 milliards de dollars. Selon les prévisions, elle passera à 23 000 milliards en 2026. Les propositions de Hillary Clinton s'alignent sur les projections financières faites sur la dette du pays. Si Donald Trump est président et met en place son programme financier et économique, la dette va grimper à 28 000 milliards dans 10 ans. La dette représente aujourd'hui 76 % du PIB. Sous Clinton, elle passerait à 86 % du PIB dans 10 ans. Sous Trump, elle atteindrait 105 %.
3- Les hausses d'impôt d'Hillary Clinton vont ajouter 1460 milliards de dollars américains sur 10 ans aux revenus du gouvernement. Les baisses d'impôt de Donald Trump vont retrancher 4400 milliards sur 10 ans aux revenus du gouvernement. Cette réduction d'impôt est plus importante que celles de George W. Bush en 2001 et 2003, évaluées à 1500 milliards (près de 2000 milliards de dollars américains en dollars d'aujourd'hui).
Ces projections ne tiennent pas compte des effets positifs ou négatifs engendrés par les hausses ou les baisses d'impôts. Pour compenser les hausses d'impôt, Hillary Clinton veut investir 2200 milliards sur 10 ans. Donald Trump prévoit, pour sa part, que son plan va entraîner une croissance de 3,5 % à 4 % par année, une projection jugée peu crédible par les économistes.
4- Selon Moody's, de 2016 à 2020, la croissance économique annuelle moyenne aux États-Unis se situera entre 2,4 % et 2,7 % sous une présidence d'Hillary Clinton et de 0,4 % à 1,5 % sous une présidence de Donald Trump.
5- Selon Moody's toujours, de 2016 à 2020, la croissance annuelle moyenne de l'indice S&P500 se situerait entre 1,6 % et 2,3 % sous Hillary Clinton. Si c'est Donald Trump qui est président, la variation annuelle moyenne du S&P500 sera entre - 1,2 % et 2,3 %. Cela dit, selon les analystes géopolitiques de la Banque Nationale, si les démocrates reprenaient le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants, une inquiétude sur les marchés pourrait surgir en raison des promesses d'Hillary Clinton d'augmenter les impôts des entreprises, des investisseurs, en plus d'amplifier l'encadrement réglementaire dans les secteurs financier, énergétique et de la santé.
Une victoire de Donald Trump, selon la Nationale, créerait une « panique » sur les marchés craignant de voir le nouveau président déclencher une guerre commerciale mondiale. Une victoire de Donald Trump entraînerait une vente en masse des bons du Trésor américain ou des achats importants, puisque les investisseurs ont toujours considéré les bons Américains comme des valeurs refuges. Tout comme l'or, d'ailleurs, qui pourrait largement profiter d'une victoire de Donald Trump. Le prix de l'once pourrait passer de 1300 $ à 1500 $ en peu de temps, selon HSBC.
6- Donald Trump veut ajouter de 60 à 80 milliards de dollars par année dans la Défense : plus de troupes, ajout de 100 avions de combat et de 75 navires et sous-marins. Hillary Clinton ne prévoit rien de particulier pour la Défense, sauf de mettre fin aux compressions en cours depuis 2011.
7- Si les États-Unis de Donald Trump imposaient un tarif de 45 % sur les importations chinoises et de 35 % sur les importations mexicaines hors pétrole, ça provoquerait une forte hausse des coûts d'importation aux États-Unis, selon Moody's : hausse de 15 %. Les prix à la consommation, pour les citoyens, monteraient de 3 %. Moody's affirme que la réponse des Chinois et des Mexicains pourrait être très négative. Les Américains exportent pour 100 milliards de dollars de marchandises en Chine par année, pour 250 milliards de dollars vers le Mexique.
8- Si Donald Trump veut expulser les illégaux, ce serait là une tâche colossale. Il y a 11,1 millions d'immigrants illégaux en ce moment aux États-Unis, selon le Pew Research Center. C'est 3,5 % des 318 millions d'Américains. Environ la moitié sont Mexicains. On comptait 8,1 millions d'immigrants sans papier en 2012 dans la population active, soit 5,1 % des travailleurs ou personnes en recherche d'emplois.
Il y a présentement 42,4 millions d'immigrants aux États-Unis. Expulser ou réduire l'accueil d'immigrants réduirait le nombre de travailleurs disponibles, selon Desjardins, et entraînerait un ralentissement de l'économie américaine. Hillary Clinton prévoit, pour sa part, de régulariser la situation de plusieurs immigrants illégaux en plus d'augmenter le nombre d'immigrants accueillis chaque année.
9- Selon les analystes de la Banque Nationale, il sera difficile pour Hillary Clinton de revenir sur sa décision de s'opposer au Partenariat Transpacifique si elle est portée au pouvoir. L'opposition au libre-échange est de plus en plus importante dans la population, la reprise depuis la Grande Récession a été longue et lente et les salaires stagnent. La candidate démocrate pourra difficilement faire un virage à 180 degrés et approuver le Partenariat Transpacifique.
Si Donald Trump est élu président, la Nationale est d'avis qu'il lui sera difficile de sortir les États-Unis de l'ALENA, l'Accord de libre-échange nord-américain. L'opposition du Congrès sera trop forte. Il peut toutefois, légalement et sans l'appui du Congrès, imposer de nouveaux tarifs et des quotas.
10- Donald Trump veut stimuler l'économie en annulant des réglementations environnementales et l'engagement des États-Unis dans l'Accord de Paris, en réduisant les subventions aux énergies renouvelables, en approuvant le projet de pipeline Keystone (avec certaines conditions). Hillary Clinton propose, en retour, des encadrements réglementaires plus serrés sur la production de gaz et de pétrole de schiste.
Sources : Desjardins, Banque Nationale, Wall Street Journal, Moody's, CNN, HSBC, Pew Research Center, UBS.
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